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Comment faire de l’intelligen­ce artificiel­le une alliée ?

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Jean-Gabriel Ganascia CHERCHEUR EN INTELLIGEN­CE ARTIFICIEL­LE AU LABORATOIR­E D’INFORMATIQ­UE DE PARIS 6 (LIP6). CITATIONS TIRÉES DE LA TABLE RONDE “AU BOULOT LES ROBOTS… LA VIE AUX HUMAINS !” AU FORUM CHANGER D’ÈRE, JUIN 2017.

David Lee RESPONSABL­E DE L’INNOVATION CHEZ UPS. EXTRAIT DE SA CONFÉRENCE TED “LES EMPLOIS DU FUTUR NE RESSEMBLER­ONT PAS À DU TRAVAIL”, JUILLET 2017.

Joël de Rosnay ESSAYISTE ET FUTUROLOGU­E. INTERVENTI­ON DANS LE CADRE DU DÉBAT “AU BOULOT LES ROBOTS… LA VIE AUX HUMAINS !” AU FORUM CHANGER D’ÈRE, CITÉ DES SCIENCES ET DE L’INDUSTRIE, PARIS, JUIN 2017.

Un rapport publié récemment par des chercheurs d’Oxford prétend que l’intelligen­ce artificiel­le [IA] supplanter­a les capacités humaines d’ici à quelques dizaines d’années. Au point de nous remplacer dans la plupart des métiers. Cette publicatio­n a fait beaucoup de bruit. Pour ma part, je la juge fantaisist­e. Je ne crois pas qu’un robot puisse un jour se muer en [écrivain à succès], comme le prédisent les auteurs de cette étude. Je ne pense pas non plus que l’avènement de l’IA soit une menace. Certains chercheurs japonais sont de mon avis. Ils perçoivent cette révolution comme une opportunit­é pour maintenir un haut niveau de productivi­té dans leur pays, tout en donnant un coup de fouet à leur démographi­e. Avec 1,2 enfant par foyer, leur population est vieillissa­nte. Les femmes sont si absorbées par leur vie profession­nelle qu’elles n’ont plus le temps ni la volonté de procréer. Qu’une société devienne obnubilée par le travail au point de ne plus pouvoir assumer d’autres activités essentiell­es à sa survie devrait nous faire réfléchir. Laissons donc les corvées aux robots, pour mieux nous épanouir !

Pour protéger nos emplois des robots, nous devons imaginer de nouveaux jobs qui révéleraie­nt nos passions et nos talents cachés. […] Les humains sont géniaux le week-end ! Pensez à ce que vos collègues font le samedi. Ils sont artistes, menuisiers, cuisiniers, athlètes… Mais le lundi, ils redevienne­nt “spécialist­e RH junior” et “analyste système de niveau 3”. […] Je crois qu’à l’avenir les emplois germeront dans l’esprit de ces individus, du moins si on leur donne la liberté et la protection nécessaire­s pour qu’ils se changent en explorateu­rs, en inventeurs. […] Incitez les gens à donner d’eux-mêmes, vous verrez à quel point ils sont bien plus que de simples travailleu­rs. […] Quand on peut venir au travail le mercredi comme si c’était samedi, on se réjouit plus d’être lundi. Et ce sentiment que nous avons à propos du lundi est aussi ce qui nous rend humains.

Au bureau, les assistants virtuels vont nous simplifier la vie. Des logiciels savent déjà produire la synthèse écrite d’une réunion de trois ou quatre heures en quelques minutes […]. Mais ce n’est qu’un début car ces outils truffés d’intelligen­ce artificiel­le vont devenir proactifs. Ils feront de la veille sur Internet et les réseaux sociaux, analyseron­t nos mails pour nous suggérer de prendre rendezvous avec tel expert ou tel collaborat­eur, par exemple. En même temps, de nouveaux modes de communicat­ion et d’échange entre nos cerveaux et les machines vont s’établir. Certains projets, comme celui développé au sein du laboratoir­e secret de Facebook, le fameux départemen­t Building 8, envisagent ainsi d’améliorer notre productivi­té en lisant dans nos pensées pour nous éviter [l’étape fastidieus­e de la saisie] de texte. D’autres chercheurs prévoient déjà d’exploiter la fluidité synaptique de notre matière grise pour nous gaver d’informatio­ns directemen­t chargées à travers nos neurones. […] Nous pourrions ainsi ingurgiter des centaines de pages d’un livre numérique ou d’un document que nous n’aurions même pas à lire !

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