La vie en direct
En Asie, les livestreameurs chantent ou mangent devant leur webcam. Pour le bonheur de milliers d’internautes, qui trompent leur solitude à coups de coûteux présents.
Sousnoslatitudes,les“streameurs” sont associés à ces passionnés de jeux vidéo qui partagent, en direct sur la Toile, leurs parties de gaming avec des spectateurs. En ce sens, les camgirls, exposant leurs corps dénudés par webcam interposée, peuvent également être cataloguées comme “streameuses” puisqu’elles utilisent des plateformes de streaming – d’où leur nom – pour monnayer leurs charmes. En Asie, pas de contenus inappropriés, sous peine de finir en prison. De Pékin (Chine) à Taipei (Taïwan), en passant par Séoul (Corée du Sud), des milliers de livestreameuses, et dans une moindre mesure de livestreameurs, se mettent en scène dans leur quotidien, ou du moins dans des tranches de vie fantasmées. Pendant des heures, en live, devant la caméra de leur smartphone, elles ou ils susurrent non-stop des mots doux, se la jouent chanteurs de karaoké, dansent lascivement ou mangent comme des gloutons.
De l’autre côté de l’écran, des internautes consomment ce flux d’images comme un shoot de téléréalité en intraveineuse comblant leurs pulsions voyeuristes. Un chewing-gum des yeux, mâchouillé par des geeks ou de jeunes salariés surbookés soulageant ainsi leur solitude. Pour attirer l’attention de leurs idoles numériques, ces groupies leur offrent des autocollants virtuels envoyés par messagerie instantanée. Des présents convertibles en espèces sonnantes et trébuchantes, permettant à ces performeurs du Net de vivre, parfois confortablement, de leur exhibition numérique. À Taïwan, il se murmure que certains fils à papa, riches et esseulés, cherchent des petites amies par ce biais, en les couvrant de cadeaux pour les séduire. ■