Au XVIII e siècle, le “canard défécateur” de Vaucanson fait un tabac
comprendre le vivant et le simuler. En 1738, l’ingénieur grenoblois Jacques de Vaucanson fait sensation avec son canard mécanique, présenté à l’Académie des sciences. Chaque aile de sa volaille en cuivre doré comprend quelque 400 pièces. La bestiole allonge le cou pour prendre le grain dans la main et l’avaler avant, assure son créateur, de le transformer en bouillie et de le digérer. Les Anglais raillent ce “shitting duck” (canard défécateur), mais son succès est phénoménal. Les petites gens n’hésitent pas à dépenser trois livres, soit une semaine de salaire, pour l’admirer. “Sans le canard de Vaucanson, vous n’auriez rien qui fit ressouvenir de la gloire de la France”, écrit Voltaire. Vaucanson automatisera aussi le tissage et inspirera Joseph Marie Jacquard, qui donnera son nom au fameux métier à tisser.
Un engouement planétaire.
En 1774, naît l’Écrivain, une des trois machines conçues par la famille d’horlogers suisses Jaquet-Droz. Cette merveille est capable de mémoriser et de tracer un texte de 40 signes. Les lettres sont saisies par l’utilisateur en faisant tourner un disque rappelant ceux dont on se sert encore aujourd’hui pour saisir le code secret d’un coffre-fort. L’androïde déclenche alors son algorithme et enchaîne les caractères, tout en trempant régulièrement sa plume d’oie dans l’encrier et en suivant des yeux le tracé du texte. Au XIXe siècle, la vogue des automates s’étend à toute la planète. Au Japon, à Osaka, le théâtre de poupées mécaniques de Takeda Omishojo fait un tabac. En Europe, c’est la grande mode de la magie. Les nouvelles créatures animées se prennent pour l’illusionniste Houdini, avalent des boules ou répondent aux questions qu’on leur pose, à l’instar du Grand magicien des frères Maillardet.
Au XXe siècle, l’électricité relègue ces belles mécaniques aux oubliettes. Seleno, le chien électronique inventé en 1912 par les Américains Hammond et Miessner, n’a pas grand-chose à voir avec Aibo, le toutou de Sony des années 90. Mais il est déjà doté de deux capteurs qui lui servent d’yeux et réagissent à la lumière. Pour le faire avancer, on utilise une lampe de poche ! Elektro, un humanoïde de 2 mètres 10 et de 120 kilos, conçu par la compagnie américaine Westinghouse Electric, le renvoie à la niche dès 1927. Ce maous marche, parle, bouge les bras… Mais ses