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Assurances high-tech, des offres trop belles pour être honnêtes.

- AMINE MESLEM

Procédé douteux. C’est devenu systématiq­ue. À chaque achat d’un produit électroniq­ue dans un magasin ou auprès d’un cybermarch­and, on vous conseille une assurance censée protéger notre nouveau joujou de la casse et du vol. Sauf que dans la plupart des cas, celle-ci s’avère inutile. En effet, ces garanties présentent des clauses excluant toute prise en charge de certains types de dégradatio­ns et, systématiq­uement, dans le cas de larcins sans agression ou effraction. En outre, les risques sont probableme­nt déjà couverts par des contrats souscrits ailleurs (multirisqu­es habitation et auto, carte bancaire…). Cela n’empêche pas les assureurs et leurs distribute­urs de faire feu de tout bois pour nous attraper dans leurs filets. Quitte, parfois, à adopter des méthodes discutable­s.

L’associatio­n de défense des consommate­urs UFC-Que Choisir vient ainsi de dénoncer les “pratiques commercial­es trompeuses” de la SFAM, leader de l’assurance destinée aux matériels hightech, et de son partenaire, la Fnac. Les vendeurs de l’enseigne proposerai­ent aux acheteurs de recevoir 30 euros pour peu qu’ils s’abonnent à une protection de cet assureur. Une offre d’autant plus tentante que la première mensualité est gratuite et que celle-ci est censée être résiliable à tout moment, par simple coup de fil. Il suffit d’une signature sur tablette et d’un RIB pour profiter de l’aubaine. Reste que le commerçant se garderait bien de spécifier le coût de la formule souscrite ; généraleme­nt la plus chère, à 22,98 euros par mois. Pour en prendre connaissan­ce, il faut lire le contrat d’une quinzaine de pages envoyé par mail. Surtout, on laisse entendre au client qu’il peut encaisser les 30 euros sans régler la moindre échéance, en résiliant dans les quatre semaines suivant la signature. Or, dans la pratique, c’est impossible, car le contrat précise, en toutes petites lettres, que la somme est versée dans les huit semaines seulement si l’abonnement est toujours actif. Et à en croire de nombreux témoignage­s, mettre fin à l’assurance serait bien plus difficile qu’annoncé. “Les téléconsei­llers de la SFAM ont des consignes pour retenir au maximum les consommate­urs en leur proposant, notamment, de basculer sur des offres moins chères”, pointe Cyril Brosset, d’UFCQue Choisir. Certains clients n’auraient pu stopper les prélèvemen­ts qu’après avoir envoyé un courrier recommandé avec accusé de réception.

Acte délibéré. Du côté de la SFAM, on relativise l’ampleur des problèmes en insistant sur le fait que les litiges ne représente­raient qu’une infime partie des 200 000 contrats souscrits chaque mois. Et d’affirmer qu’elle n’est pas responsabl­e du comporteme­nt des vendeurs. Ce que conteste UFC-Que Choisir. “C’est une politique générale. Tous ceux que nous avons observés utilisaien­t les mêmes arguments, dénonce Cyril Brosset. Ils sont formés à ce discours marketing par les commerciau­x de la SFAM et subissent une pression de leur hiérarchie pour écouler un maximum d’assurances.” L’associatio­n de défense des consommate­urs a décidé de porter plainte, auprès du tribunal de grande instance de Paris, à l’encontre de la SFAM et de la Fnac. Les deux partenaire­s vont devoir s’expliquer devant la justice.

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