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Cinq bonnes raisons de tuer le père

Dans son autobiogra­phie, Lisa Brennan-Jobs, la fille cachée du fondateur d’Apple, raconte ses relations complexes avec l’icône du high-tech.

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BÉBÉ, STEVE L’A RENIÉE

Pendant des années, l’ex-patron d’Apple refuse de reconnaîtr­e sa fille. Devant le tribunal, Steve Jobs jure même qu’il ne peut pas être son père et se prétend stérile (il aura trois autres enfants, Reed, Erin et Eve). Il va jusqu’à désigner un autre géniteur. Des tests ADN l’obligeront à assumer sa paternité, et les juges le condamnero­nt à verser une pension alimentair­e de 500 $ à la mère de Lisa, Chrisann Brennan, son ancienne compagne. Quatre jours après le verdict, Apple entre en Bourse. Son big boss devient multimilli­onnaire, mais refuse d’augmenter la pension alimentair­e.

PARFOIS, IL ÉTAIT MALSAIN

Adolescent­e, elle emménage chez lui. Steve l’oblige à assister à ses ébats avec Laurene, sa seconde femme. “Ne t’en va pas, Lis’, disait-il. Tu fais partie de notre famille.” Alors elle reste assise, à côté d’eux, “en regardant ailleurs pendant que [son] père gémissait en embrassant [sa] bellemère”. Plus tard, chez le psy, Lisa pleure, dit qu’elle se sent seule, leur reproche de ne même pas lui souhaiter bonne nuit au moment où elle va se coucher. Le thérapeute s’en étonne.

“Que voulez-vous, justifiera Laurene, nous sommes juste des parents très froids.”

JUSQU’AU BOUT, IL A ÉTÉ ODIEUX

“Tu sens comme dans les W.-C.”,

lui glisse Steve Jobs à la fin de sa vie, alors qu’il est à l’article de la mort et que sa fille vient de l’enlacer, sur son lit médicalisé. Depuis, Lisa lui a tout pardonné. “Il me faisait peur, mais en même temps, je vibrais d’amour pour lui”,

raconte-t-elle dans son livre. Ce n’est d’ailleurs pas un ouvrage à charge contre un père indigne, car Lisa évoque également les bons moments qu’elle a passés en sa compagnie, à commencer par les balades en rollers ou les parties de trampoline… Mais aussi cet échange philosophi­que sur Dieu et la mort.

C’ÉTAIT UN PINGRE

Lisa rencontre son papa pour la première fois à 3 ans.

“Tu sais qui je suis ? Je suis ton père ! s’exclame-t-il en imitant Dark Vador. Je suis l’une des personnes les plus importante­s que tu ne connaîtras jamais.” Importante, certes, mais aussi grippe-sou.

“Parfois, il sortait du restaurant sans payer”, révèle-t-elle.

Plus tard, alors âgée d’une dizaine d’années, elle lui demande si elle pourra récupérer l’une de ses Porsche quand elle sera grande. Réponse cinglante du paternel : “Pas question ! Tu n’auras rien. Tu comprends ? Rien. Tu n’obtiendras rien.”

SA GRANDE CRAINTE : QU’ELLE RACONTE TOUT

Avant de mourir, son paternel lui confie ses regrets d’avoir fait l’impasse sur ses anniversai­res et de l’avoir effacée de sa biographie officielle, sur le site d’Apple, en ne mentionnan­t que ses trois autres enfants. “J’ai une dette envers toi”, lui répète-t-il en pleurs. L’une des dernières fois qu’ils se sont parlé, Steve Jobs regardait New York Police Judiciaire dans son lit. “Est-ce que tu vas écrire des choses sur moi ?”, lui demanda-t-il. “Non”, réponditel­le. “Bien”, conclut-il alors en se désintéres­sant d’elle et en retournant à sa série télévisée.

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