AVIS DE TEMPÊTE SUR LES STORES
Déclaration de guerre.
Comptant respectivement 2,2 et 3,6 millions d’applications, les magasins en ligne d’Apple (App Store) et de Google (Play Store) règnent en maître sur la distribution des programmes destinés à leurs OS mobiles. Une situation très profitable. Les deux géants prélèvent en effet une coquette commission de 30 % sur le prix de vente des applis et sur les achats intégrés, ou sur les abonnements souscrits par leur biais (le taux baissant à 15 % au bout d’un an). De quoi récolter de confortables bénéfices. À lui seul, l’App Store a généré, ces dix dernières années, un chiffre d’affaires de 130 milliards de dollars, selon une étude de la société App Annie. Mais certains éditeurs supportent mal d’avoir à partager leurs revenus en s’acquittant des péages imposés par le duopole. Ainsi, depuis quelques semaines, Netflix ne donne plus la possibilité de s’abonner directement à partir de ses applis pour Android et iOS. Les mobinautes souhaitant souscrire à ses offres doivent effectuer les démarches sur son site Web. Une procédure déjà à l’oeuvre sur le service de streaming musical Spotify depuis 2016. Tout récemment, le studio Epic Games a carrément annoncé qu’il ne proposerait pas la version Android de son jeu à succès Fortnite sur Google Play. Elle sera téléchargeable uniquement depuis son site. Bien sûr, seuls les éditeurs les plus populaires peuvent se permettre de snober les deux grandes plateformes. Les autres n’ont pas vraiment le choix. En France, le gouvernement tente toutefois de préserver leurs intérêts. Au mois de mars dernier, il a annoncé avoir assigné Apple et Google en justice pour les pratiques commerciales jugées abusives de leurs magasins, comme le fait d’imposer des fourchettes de prix ou de s’arroger le droit de modifier unilatéralement les contrats. S’ils sont reconnus coupables, les deux géants devront se montrer plus conciliants envers les créateurs d’applications.