Il crée le “bois armé”, bionique, ultrarésistant et imputrescible
Quand on appelle sa start-up Woodoo, on a sûrement envie de jouer au sorcier. Architecte de formation, Timothée Boitouzet a été sensibilisé au bois lors de stages au Japon. Soucieux de revaloriser cette ressource écologique, le Français de 27 ans s’est ensuite penché sur sa structure en poursuivant ses études au Massachusetts Institute of Technology (MIT), à Boston. Comme le matériau naturel est essentiellement constitué d’air, cette tête bien pleine a décidé de remplir ces cavités avec une résine végétale qui durcit à l’intérieur du squelette du bois. Résultat, une simple planche se retrouve dotée d’extraordinaires propriétés physiques : elle devient translucide, n’a plus besoin d’entretien, résiste mieux au feu, ne se déforme pas et n’intéresse plus les insectes ou les champignons. Après avoir déposé cinq brevets et récolté une trentaine de prix internationaux, le jeune homme compte révolutionner le marché de la construction avec son matériau bionique. Trois fois plus rigide que l’élément d’origine et 100 fois moins énergivore que l’acier, le “bois armé” de Timothée Boitouzet pourrait servir, d’ici à cinq ans, à l’édification de bâtiments trois fois plus haut que les 12 étages autorisés actuellement. Autre atout, économique celui-ci, son invention valoriserait des essences pauvres comme le charme ou le pin, sans débouchés aujourd’hui. Près de la moitié du bois poussant en France retrouverait ainsi de la valeur. En attendant de construire la prochaine tour de la Défense, la jeune pousse va lancer une première levée de fonds à la fin de l’année. Ambitieux et réaliste, Timothée Boitouzet imagine un matériau tactile qui devrait séduire des marchés haut de gamme, comme celui des équipements pour voitures de luxe. C’est ce qui s’appelle faire feu de tout bois.