Ceux qui font bouger les lignes
Après s’être essayée à la composition de musique et de poèmes,
l’intelligence artificielle monte
sur les planches. Elle se lance plus précisément dans l’improvisation, sous la direction de Piotr Mirowski. Passionné de spectacle vivant, ce chercheur français de Google DeepMind a créé A.L.Ex
po`r Artificial 7ang`age 0cperiment ,
un algorithme qu’il a intégré dans un petit robot. Il lui a d’abord fait ingurgiter les
dialog`es de 1 films, soit `n petit
milliard de mots, en quelques semaines.
7’apprenti comédien artificiel est a`ssi
muni d’un système de reconnaissance vocale pour saisir les paroles de son partenaire. Reste à croiser rapidement ce qu’il entend avec sa mémoire pour élaborer une
réponseɳ ?o`t le défi de l’improvisation.
Et c’est là que les choses se corsent. Au lever de rideau, Piotr Mirowski prévient le public qu’il ne faut pas s’attendre à un spectacle bien léché. De fait, le robot répond souvent à côté de la plaque. « Les paroles qu’il reçoit ne sont pas étiquetées “second degré” ou “sarcasme” », explique le
spécialiste de deep learning. A` fil de la
cinquantaine de représentations données en deux ans, il essaie d’améliorer en permanence son concept d’« improbotics ». Pour rendre les scènes plus vivantes, il fait maintenant appel à une comédienne équipée d’écouteurs qui prononce les phrases dictées par A.L.Ex. Lucide, le trentenaire reconnaît que le comique du spectacle vient des répliques bizarroïdes du robot. Il a aussi remarqué que les humains s’adaptent à leur partenaire arti
ficiel et lancent des répliq`es pl`s co`rtes
et plus positives que celui-ci. « Rire est le propre de l’homme », écrivait Rabelais au XVIe siècle. Une maxime plus que jamais à l’ordre du jour.