Comment on se déplace
L’agence aérospatiale américaine prépare pour 2021 un avion expérimental capable de passer le mur du son discrètement. De quoi rouvrir la voie des vols commerciaux supersoniques.
La Nasa veut mettre le supersonique en sourdine.
Voilà déjà quinze ans, le 24 octobre 2003, le Concorde tirait sa révérence. Fleuron technologique en son temps, cet avion mythique n’en a pas moins été un gros échec commercial. La faute à sa trop forte consommation de carburant et au bruit assourdissant qu’il générait en franchissant le mur du son. Une nuisance sonore qui avait incité les États-Unis et d’autres pays à interdire aux avions de ligne de passer cette barrière quand ils survolaient leur territoire. Mais la Nasa souhaite remettre au goût du jour les vols commerciaux supersoniques. Et pas question de les laisser aller à pleine vitesse uniquement au-dessus des océans comme le Concorde. Afin de modifier la législation, l’agence aéros- patiale américaine planche sur un aéronef en mesure de passer le mur du son en ne faisant pas plus de bruit que « le claquement d’une porte de voiture ». Elle se fonde sur des études montrant que le double bang entendu au sol vient du fait que les ondes de pression, s’exerçant s`r les différentes parties d` f`selage, se mélangent à l’arrière de l’appareil. L’idée est donc d’éviter que ces ondes se rejoignent grâce à un nouveau design. UN ÉCRAN À LA PLACE DU PARE-BRISE. Après avoir effect`é des modélisations s`r ordinateur et mené de nombreux essais en so`fflerie, la Nasa pense avoir tro`vé la forme idéale. L’agence a signé un contrat de 250 millions de dollars avec la branche aéronautique de l’entreprise Lockheed Martin pour la réalisation d’un prototype dont la construction vient de débuter. L’engin, baptisé X-59 QueSST, ne ressemble à aucun autre appareil. Un nez très effilé de h`it mètres de long`e`r surmonté de petits ailerons, des ailes triangulaires légèrement bosselées et un cockpit sans pare-brise avant, complètement intégré dans la carlingue. Pour se diriger, le pilote pourra donc compter, en plus des instruments de bord, sur un large écran affichant les images captées par des caméras. Le X-59 QueSST devrait sortir des usines de Lockheed Martin en 2021. Débutera alors une série de tests afin, dans `n premier temps, de démontrer sa viabilité et d’éprouver ses performances. Propulsé par le même réacteur que l’avion de combat F/A-18, l’aéronef expérimental de 28,6 mètres de longueur fendra les airs à plus de 1 500 kilomètres par heure. Il procédera ensuite à des vols d’essai au-dessus de plusieurs villes aux États-Unis afin de mes`rer son impact sonore et collecter les réactions des habitants. Les données recueillies seront présentées aux régulateurs américains pour qu’ils lèvent l’interdiction pesant sur les vols supersoniques. Si tout se passe bien, la voie sera alors libre pour les successeurs du Concorde.