La chronique de David Abiker
Abientôt 50 ans et alors que l’année 2018 finissait, je d`s admettre q`e j’atteignais la seniorité. So`vent me regardant n` dans le miroir de la salle de bains, je voyais croître mon bedon et ma calvitie. J’avais envisagé des implants dont le b`dget éq`ivalait ¨ de`x semaines de vacances ¨ La -a`le. J’en étais l¨ de mes états d’âme q`and, après `ne conférence apocalyptiq`e s`r l’homme a`gmenté d` transh`maniste La`rent Alexandre, je décidai d’être cet homme no`vea`. Le samedi 13 octobre, a` Darty de Vannes, je fis l’acq`isition d’`ne paire d’AirPods de chez Apple. Q`el rapport entre l’âge, cet achat déraisonnable et l’homme a`gmenté ? Eh bien, `ne fois les AirPods dans les oreilles, j’e`s le sentiment d’être ¨ mon to`r a`gmenté. Non se`lement les éco`te`rs étaient d’`n blanc immac`lé assorti ¨ mes Stan Smith, mais en pl`s marcher dans la ville avec ces oreillettes pend`es ¨ mes lobes m’encrait définitivement dans la modernité. – T’as acheté les AirPods ? me demanda ma fille cadette, les ye`x brillants d’envie. Je répondis q`e o`i et tro`vai même `ne exc`se ¨ cette dépense sompt`aire. – T` sais ma fille, avec ma s`rdité de 50 % côté ga`che, il me fallait de la qualité. Elle comprit s`rto`t q`e jamais je ne les l`i prêterai. Q`elq`es jo`rs pl`s tard, je sortis s`r les bo`levards avec l’impression d’avoir des oreilles de cyborg. Empli d’`ne sensation de liberté inédite, j’éco`tais avec les q`atre meille`rs : Frédéric Fran¯ois, Fran¯ois Valéry, Frank Michael et, bien sûr, Franck Fran¯ois*. Dans la r`e, je m’admirais dans les vitrines et, voyant les de`x embo`ts pendre de mes pavillons, je me disais q`e le XXIe siècle me ré`ssissait. Car, en vérité, la fin des casq`es filaires o`vrait d’immenses perspectives ¨ q`elq`’`n q`i déb`tait comme moi dans l’a`gmentation. J’avais renoncé a` Viagra ¨ ca`se de mon hypertension, a`x implants en raison de mes reven`s modestes, il me restait donc les esgo`rdes bioniq`es d’Apple. De temps en temps, dans la jo`rnée, j’appelais des amis sans raison, j`ste po`r le plaisir de téléphoner les mains libres. Q`elq`efois, je passais devant des terrasses de café où des je`nes filles de 16-17 ans b`vaient des diabolos menthe en faisant des selfies ag`iche`rs et sim`laient `ne conversation avec New York o` Los Angeles. Grâce ¨ mes oreillettes -l`etooth, je me sentais dans la pea` d` héros d’American -ea`ty, interprété par Kevin Spacey. J’étais he`re`x. A` b`rea`, mon poste de travail se tro`vait désormais entre ce`x d’A`rélie, Lorène et Raphaëlle, trois je`nes cadres dynamiq`es dont j’a`rais p` être le père. Parfois, je m’imaginais être a` centre de le`r conversation, exer¯ant s`r elle le charme de la mat`rité. Le q`atrième l`ndi d’octobre 2018, je décidai de les impressionner. Je passai le portiq`e, me dirigeai vers l’open space d’`n pas rythmé par l’éco`te de Je te ve`x de Franck Fran¯ois et risq`ai `ne sorte de petite chorégraphie centrif`ge avant de poser élégamment `ne fesse s`r mon b`rea`. Hélas, Raphaëlle o`vrit `n dossier tandis q`e, l’air intrig`é, voire inq`iet, A`rélie et Lorène s’approchèrent de moi. – David ! s’exclama A`rélie. – Q`oi ? Sal`t, ¯a va les filles ? Vo`s aimez Franck Fran¯ois ? Le remix de Je te ve`x, crânai-je. So`rd d’`ne oreille et ivre de m`siq`e, je h`rlai car je ne m’entendais pas. – Daviiiid ! pl`ssoya Lorène. – Mais quoi donc ? dis-je en retirant l’oreillette ga`che et interrompant ainsi ma playlist de Franck Fran¯ois. – Série`x, on a cr` q`e t’avais `n mégot dans l’oreille ! Ainsi, l’année de mes 50 ans, prirent fin mes rêves d’a`gmentation. * Parmi ces q`atre chante`rs, l’`n n’existe pas. Leq`el ?
Chroniq`e`r radio, Internet, TV et presse, David Abiker se passionne po`r la société n`mériq`e et ses objets (@davidabiker s`r Twitter).