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La question qui fâche

Peut-on quitter Facebook ?

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MICHAËL STORA

Psychologu­e et fondateur président de l’Observatoi­re des mondes numériques en sciences humaines (OMNSH). Interview donnée au Figaro en avril 2018.

Si nous tenons tant à Facebook et que nous avons du mal à nous en détacher, malgré la menace qu’il fait peser sur la confidenti­alité de nos données, c’est, qu’au fond de nousmêmes, nous tenons beaucoup à ce réconfort permanent qu’il nous apporte, et qui a été encouragé par les nombreuses politiques de lutte contre les propos les plus sulfureux engagées par la modération du réseau social. Cette vaste zone de confort nous empêche de voir à quel point nos vies peuvent être incroyable­ment creuses et ennuyeuses. Facebook est bien souvent le remède à la solitude de notre existence.

OLIVIER AUBER

Chercheur en sciences sociales et cognitives. Entretien accordé au magazine Usbek & Rica en février 2018.

J’ai annoncé à mes amis que je quittais Facebook un peu comme quand on prévient qu’on arrête de fumer. J’ai essayé de faire un backup avec le système du réseau social afin de récupérer toutes mes données. Et c’est à ce moment-là que les problèmes ont commencé. Car dans cette sauvegarde, il n’y avait presque rien. À part les photos, les vidéos et quelques commentair­es [...],tout avait disparu. Ce qui m’intéresse, en tant que chercheur, ce sont les échanges à propos de publicatio­ns, et il n’en restait plus une seule trace. Vos mots ne vous appartienn­ent même plus. En somme, j’avais pratiqueme­nt perdu sept années de travail sur Facebook.

SHYAM SUNDAR

Professeur de communicat­ion et codirecteu­r du laboratoir­e de recherche sur les effets des médias à l’université d’État de Pennsylvan­ie. Tribune coécrite avec ses étudiants et postée sur le site The Conversati­on en mars 2018.

Les usagers des réseaux sociaux ont développé une dépendance psychologi­que qui les rend accros […]. Les outils interactif­s de Facebook offrent effectivem­ent des moyens simplifiés de susciter notre curiosité, de diffuser nos pensées, de promouvoir notre image, de maintenir des relations et de satisfaire le désir ardent de validation par les autres. Les médias sociaux s’appuient sur les ressorts de la psychologi­e pour nous faire cliquer – et en dire toujours davantage sur nousmêmes. Voici pourquoi il est si difficile de débrancher la prise une fois pour toutes.

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