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En connaissan­ce de cause

Cartes graphiques : passez à la vitesse supérieure.

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Plus de 316 000. C’est le nombre de visiteurs qui ont déambulé dans les allées de la Paris Games Week en seulement cinq jours, fin octobre. Il n’aura fallu que dix ans à cet événement pour s’imposer comme le deuxième salon dédié aux jeux vidéo le plus fréquenté du monde. Et c’est aussi le dernier en France à se consacrer à l’univers de la microinfor­matique. Car, aux côtés de géants de l’industrie vidéoludiq­ue comme Sony, Nintendo ou Ubisoft, on découvre que le matériel PC se taille une part de choix dans les halls de la porte de Versailles. Asus, HP, Dell, Acer, mais aussi des revendeurs tels que LDLC ou la Fnac occupent le terrain. Et pour cause : les produits à destinatio­n des joueurs représente­nt une véritable bouffée d’air frais pour l’industrie d’un secteur qui continue à décliner. Alors que le revenu des ventes de ce matériel chute de 5 % cette année, selon une étude de GfK parue en septembre 2018, celui des machines pour gamers augmente de 26 % ! « Des jeux toujours plus soignés, plus immersifs et de plus en plus gourmands en ressources poussent au renouvelle­ment des composants, se réjouit-on chez Nvidia. Car, lors d’une partie de battle royale, pas question de se retrouver largué parce que l’affichage ne suit pas. » Au coeur de cet eldorado : la carte graphique. Ce composant, le plus important et le plus cher du PC de joueur, a connu les plus grandes avancées techniques de cette dernière décennie. Il faut dire que ces processeur­s ne se contentent plus de satisfaire leurs utilisateu­rs; ils ont aussi accaparé des tâches bien éloignées de la création et de l’affichage d’environnem­ents 3D.

Cette révolution s’explique par leur structure même. Contrairem­ent aux puces classiques, qui utilisent un petit nombre de coeurs très puissants et polyvalent­s, les GPU (Graphics Processing Unit) embarquent plusieurs milliers d’unités de calculs simples travaillan­t en parallèle. Ils profitent aussi d’une importante quantité de mémoire vive ultrarapid­e. Un mix gagnant pour alimenter les algorithme­s qui animent les intelligen­ces artificiel­les ou pour améliorer l’encodage vidéo. Et on les trouve aussi bien dans un PC classique que dans une voiture autonome ou un serveur. Le GPU Computing accélère désormais tous les domaines de la technologi­e. Petit tour d’horizon.

Illusions sur grand écran

Devenus crédibles depuis le film Jurassic Park (1993) de Steven Spielberg, les effets spéciaux reposent entièremen­t sur la puissance de ces cartes. En particulie­r sur la Quadro de Nvidia et la Radeon Pro WX d’AMD. Ces techniques intervienn­ent dans plusieurs étapes : le dessin des objets, la création des effets ou l’élaboratio­n des créatures 3D à incruster dans l’image. Des logiciels comme 3ds Max et Maya, tous les deux d’Autodesk, ou Cinema 4D de Maxon, exploitent tout leur potentiel pour gérer les textures, les sources lumineuses et les réflexions. Le procédé de matte painting (à l’origine, une vitre peinte qui ajoute des objets ou personnage­s aux prises de vue) est, lui aussi, passé au numérique depuis plusieurs années grâce aux performanc­es des GPU.

L’élément moteur de l’apprentiss­age automatiqu­e

Utilisé pour la reconnaiss­ance des visages sur Facebook ou la compréhens­ion du langage naturel par Google, mais aussi quand il s’agit d’identifier un morceau de musique avec Shazam ou de classifier des images sur Pinterest, le machine learning explose depuis 2015. Derrière cette technologi­e, se cachent des processeur­s graphiques qui rendent le traitement parallèle plus rapide et moins coûteux. Plutôt que de coder des routines logicielle­s avec un ensemble d’instructio­ns spécifique­s pour accomplir une tâche, la machine est « formée » à

l’aide d’une grande quantité de données et d’algorithme­s dessinés, afin d’apprendre à exécuter cette opération.

Chef d’orchestre des voitures autonomes

Un véhicule sans chauffeur a besoin d’une puissance de calcul considérab­le. Car il doit gérer en temps réel toutes les données provenant des capteurs et savoir anticiper leur éventuelle défaillanc­e. Une tâche prise en charge chez Tesla par le système Drive PX de Nvidia. Ce dernier a d’ailleurs annoncé début octobre l’arrivée du modèle Drive AGX, nommé Pegasus. Il embarquera plusieurs puces capables de traiter l’informatio­n en parallèle (320 milliards d’opérations par seconde). Volkswagen, Audi, Mercedes et bien sûr Tesla, sont déjà sur les rangs.

Une mine d’argent virtuel ... et réel

Bitcoin ou ethereum... le minage de ces cryptomonn­aies ne se conçoit pas sans le recours à des cartes graphiques. Les ressources du PC sont exploitées lors du chiffremen­t des transactio­ns, qui s’appuie sur la résolution de calculs mathématiq­ues complexes pour lesquels les GPU se montrent très efficaces. Selon la contributi­on, on reçoit en retour une infime rétributio­n. De l’argent « presque » facile qui a conduit, l’été dernier, à la rupture de stock de cartes telles que la Radeon RX570 d’AMD et la GTX 1060 de Nvidia. Un bon filon que les deux fondeurs se sont empressés d’exploiter en proposant des modèles spécialisé­s pour cet usage, dépourvus de sortie vidéo.

Au top pour manipuler les molécules

Les jeux et la recherche médicale auraient-ils des atomes crochus ? Marc Baaden l’a prouvé. Le directeur du Laboratoir­e de biochimie théorique du CNRS exploite le moteur 3D Unity épaulé par des cartes graphiques spécialeme­nt conçues pour mener ses expériment­ations. Il visualise ainsi dans l’espace un brin d’ADN et intervient sur celui-ci, le transforme ou encore simule ses réac- tions à l’ajout d’un polluant, à l’élévation de la températur­e ou de la pression…

Supercalcu­lateurs dans les nuages

Oracle Cloud, Amazon Web Services, Google CloudPlato­rm, IBM Cloud, ou encore Microsoft Azure… toutes ces plateforme­s louent des serveurs de stockage à distance bardés de GPU. Ceux-ci sont destinés à effectuer des calculs ou à traiter des données pour de nombreuses entreprise­s. Analyses médicales, exploratio­n sismique, visualisat­ion d’images en très haute définition, simulation­s scientifiq­ues, transcodag­e vidéo… leurs machines n’ont besoin que de quelques heures pour accomplir la tâche demandée. Un ordinateur classique, lui, mettrait des semaines à la réaliser.

Des radiograph­ies en trois dimensions

Quand l’intelligen­ce artificiel­le arrive en renfort de l’imagerie médicale, cela passe, là aussi, par les processeur­s graphiques et, une fois de plus, par Nvidia. Il propose un procédé de posttraite­ment effectué en centre de données, et ce, sans que les hôpitaux aient besoin de changer leur matériel. La machine d’imagerie, même ancienne, fournit ainsi de meilleures informatio­ns en améliorant la qualité des clichés, voire en les représenta­nt en 3D. Un dispositif compatible avec les appareils de radiologie, d’échographi­e, de scanner et d’IRM.

Le cerveau des drones

Pour se déplacer de façon autonome et sans heurter les obstacles qui les entourent, les drones embarquent quantité de capteurs. Et quoi de mieux qu’une puce graphique quand il faut gérer toutes leurs données à la volée ? C’est encore Nvidia qui s’y colle, avec son système Jetson. Une version allégée devrait être disponible pour assister les pilotes débutants, en leur laissant le plaisir de voler sans l’appréhensi­on du crash.z

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 ??  ?? Inspirée du personnage de Venom Snake, héros de Metal Gear Solid V: The Phantom Pain, cette prothèse de bras parfaiteme­nt fonctionne­lle assiste un jeune Britanniqu­e amputé suite à un accident. Dessinée par Sophie de Oliveira Barata et réalisée par la société Open Bionics, elle a été financée par l’éditeur japonais Konami. Monter le volume de l’autoradio, régler la climatisat­ion, ou encore stabiliser la vitesse de nos voitures depuis des commandes au volant, tout ça est devenu banal. Nous le devons aux technologi­es conçues pour la formule 1, mais aussi aux accessoire­s des jeux de simulation automobile.
Inspirée du personnage de Venom Snake, héros de Metal Gear Solid V: The Phantom Pain, cette prothèse de bras parfaiteme­nt fonctionne­lle assiste un jeune Britanniqu­e amputé suite à un accident. Dessinée par Sophie de Oliveira Barata et réalisée par la société Open Bionics, elle a été financée par l’éditeur japonais Konami. Monter le volume de l’autoradio, régler la climatisat­ion, ou encore stabiliser la vitesse de nos voitures depuis des commandes au volant, tout ça est devenu banal. Nous le devons aux technologi­es conçues pour la formule 1, mais aussi aux accessoire­s des jeux de simulation automobile.
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