Les ficelles
Le site du ministère de l’Intérieur invite les victimes à entamer leur dépôt de plainte en ligne pour décrocher un rendez-vous au poste. Sauf que certaines attendent toujours…
Pre-plainte-en-ligne.gouv.fr, ou le bureau des affaires préclassées.
Interface dissuasive
En 2014, des internautes avaient signalé que l’on pouvait consulter les dossiers déposés sur le site en se rendant simplement sur sa page d’index. Si ce défaut a été finalement corrigé, la plateforme n’a pas pour autant suivi les évolutions technologiques du web. Elle fait l’impasse sur le HTML 5 et le « responsive design ». Autrement dit, elle ne s’adapte pas aux formats d’écran des terminaux mobiles. Et elle ne semble pas non plus suivre l’actualité : aucune information liée à la crise sanitaire n’est affichée en page d’accueil.
Rendez-vous aléatoires
Après avoir passé près d’une demiheure à remplir les cases de la préplainte, nous voici arrivés à la dernière étape : la confirmation de la démarche et la prise de rendezvous. En effet, la plainte ne sera valide que si elle est signée au poste. L’objectif de ce service est de gagner du temps et de réduire les déplacements inutiles. Il ne vous reste plus qu’à saisir une date et un horaire. Un message final vous indique que le rendez-vous sera confirmé par téléphone. Mais de nombreuses victimes attendent toujours ! Cela augure un nouveau concept : la préplainte sans suite.
Précisions inutiles
Pour déposer sa demande, s’il faut bien évidemment délivrer son état civil, il n’est pas obligatoire de mentionner son adresse. En revanche, pour une raison obscure, il convient de donner sa profession. Les catégories socio-professionnelles utilisées par l’Administration devraient être suffisantes. Or cette rubrique est inutilement longue et propose un nombre considérable de métiers, parfois suspects : voyant, vaguemestre, rentier, rebouteux, poète…
Deux types d’agressions sont pris en compte : les vols ou dégradations de biens et les faits de discrimination (provocation à la haine, diffamation, injure…). Il se révèle ainsi impossible de déposer une préplainte pour agression sexuelle. Par ailleurs, un message sous forme de pop-up prévient qu’en cas de vol de véhicule, vous restez responsable civilement et pénalement tant que la requête n’est pas signée au commissariat. Autre contrainte : il ne faut pas connaître son agresseur. Enfin, dans l’onglet destiné à l’exposition des faits, la victime doit faire preuve d’esprit de synthèse car elle n’a que 765 caractères pour raconter son agression, ce qui correspond à quelques lignes.
Conditions restrictives