TECHNOLOGIE RAISONNEE
C «’est parce qu’on est tous des cons que c’est la fin du monde ! » Le 8 février 2019, en direct depuis La Seine musicale de Boulogne-Billancourt, le groupe Shaka Ponk (lire notre interview p. 8) perturbait les Victoires de la musique. Avant d’interpréter Killing Hallelujah, Frah prétexte un problème technique et en profite pour se lancer dans un plaidoyer écolo non prévu au programme. « Rassurez-vous, c’est pas la fin du monde ce soir, c’est la fin du monde demain. » Le chanteur en appelle à la responsabilité de chacun. Il y a urgence à changer notre manière de vivre et de consommer, afin de préserver la biodiversité. Message reçu par le public, mais aussi par près de 70 autres artistes ou personnalités qui, neuf mois après, rassemblés au sein du collectif The Freaks( 1), promettent publiquement, à leur tour, de changer leurs pratiques personnelles et professionnelles pour sauver l’homme et la planète. Il s’agit de donner l’exemple…
« Je privilégie les achats
de seconde main, j’allonge la durée de vie de mes appareils, j’opte pour le dématérialisé… » Zazie, Laure Manaudou, Calogero ou encore Yohan Hennequin de Cats on Trees s’engagent, entre autres, à une forme de sobriété digitale. Parce que, malheureusement, les nouvelles technologies ne font pas que du bien à l’environnement. On le sait, la fabrication de nos appareils high-tech contribue largement à l’épuisement des ressources naturelles et au réchauffement climatique. La confection d’un portable de 2 kilos mobilise ainsi 800 kilos de matières premières et génère 124 kilos de CO2 sur les 169 émis durant son cycle de vie, rappelle l’Ademe( 2). Comprenons donc que nous autres, consom’acteurs, sommes en première ligne pour éviter la catastrophe écologique vers laquelle on se dirige. Parce que 47 % des gaz à effet de serre générés par le numérique sont dus à NOS équipements électroniques. Or, passer de deux à quatre ans d’usage pour un smartphone, par exemple, améliore de 50 % son bilan environnemental.
« Même si polluer
est un grand jeu d’adulte, maintenant ne plus polluer est un jeu d’enfant. » Le leader de Shaka Ponk n’a rien inventé. En énonçant cette vérité, il se fait simplement l’écho, à son tour, de ce que de nombreux scientifiques écrivent ou disent depuis des années. Et avec ce numéro spécial green, nous, pour qui le numérique constitue le coeur des préoccupations, avons voulu en faire la démonstration. Car, effectivement, il suffit de peu pour faire avancer les choses dans le bon sens, et sans pour autant sacrifier au confort de la modernité : choisir des produits plus écoresponsables, se tourner vers le marché de l’occasion, privilégier les circuits courts, offrir une deuxième vie à ses appareils usagés, suivre et soutenir les initiatives technologiques au service de l’écologie… Autant de thématiques abordées au fil de nos pages. Parce que, comme le rappelle Frah, « c’est un fait établi, si nous continuons tous à faire comme tout le monde sur cette planète, il n’y aura bientôt plus personne pour faire quoi que ce soit » . ●