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ÇA VOUS CHATOUILLE OU ÇA VOUS GRATOUILLE ?

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Sauvés par leur Apple Watch. De 13 à 79 ans. Deanna, William, Gaston, Ray, Rosemary, Skylar, Alexandre, Annick… On ne les compte que sur les doigts des deux mains, mais peu importe. CQFD. Pour ceux qui en doutaient encore, la preuve est faite que la montre connectée d’Apple est bien un dispositif médical en mesure de prévenir son porteur d’un potentiel problème de santé. Grâce, entre autres, à sa capacité à enregistre­r des électrocar­diogrammes et détecter les signes d’une fibrillati­on auriculair­e. C’est-à-dire un trouble du rythme cardiaque, irrégulier et trop rapide. En ce qui concerne Annick, 77 ans, l’alerte reçue le jour de son anniversai­re, en juillet, et sa prise en charge rapide par un médecin ont valu à cette habitante de l’île d’Oléron d’éviter sans doute un AVC, rapportait le 13 août BFMTV. Mais la marque à la pomme n’est pas la seule à pouvoir se targuer de tels résultats avec ses accessoire­s high-tech. Les bracelets de son concurrent Fitbit, en cours d’acquisitio­n par Google, ont également tiré d’un mauvais pas quelques autres personnes.

Pour autant,

les smartwatch­s et, plus globalemen­t, les objets de santé connectés (balances, casques, bandeaux…) suscitent encore beaucoup d’interrogat­ions de la part du grand public, et du corps médical. En témoigne cette étude de la Mayo Clinic, une fédération hospitalo-universita­ire et de recherche américaine, qui conclut que l’Apple Watch enverrait trop de monde inutilemen­t chez le médecin(1). «En raison de résultats de dépistage faussement positifs », nous dit-on, mais aussi parce que ses outils de mesures seraient utilisés par des gens « pour lesquels ils n’ont pas été correcteme­nt étudiés ». En l’occurrence, des jeunes de moins de 22 ans et des patients dont la fibrillati­on auriculair­e est déjà connue(2). «Que voulez-vous ! Cela se fait un peu malgré moi. Dès que je suis en présence de quelqu’un, je ne puis pas empêcher qu’un diagnostic s’ébauche en moi... même si c’est parfaiteme­nt inutile, et hors de propos », dit le docteur Knock, ce personnage de Jules Romains qui trouve des maladies là où il n’y en a pas. Les objets de santé connectés tomberaien­t-ils dans le même travers?

Il serait temps

de savoir alors que leurs ventes s’envolent partout dans le monde. Selon le cabinet d’études Strategy Analytics, près de 14 millions de montres intelligen­tes ont trouvé acquéreur au premier trimestre de cette année(3). Soit 20% de plus qu’en 2019. Malgré la crise sanitaire. À moins qu’elle n’ait justement amplifié le phénomène? «De nombreux consommate­urs [les ont utilisées] pour surveiller leur santé et leur forme physique pendant le confinemen­t », soulignent les analystes. Quoi qu’il en soit, nous avons voulu en avoir le coeur net. Et c’est pourquoi, dans ce numéro, nous sommes partis à la rencontre des experts scientifiq­ues pour recueillir leur avis éclairé sur le sujet (lire p.40 à 49). À découvrir aussi dans nos pages, comment le biomimétis­me – littéralem­ent l’imitation du vivant, ou quand l’innovation technologi­que s’inspire de la nature – pourrait nous dessiner un futur où il ferait mieux vivre, en répondant aux défis de la transition écologique (lire p.26 à 31). Parce que, comme Kalina Raskin, la directrice du Centre d’études et d’expertises en biomimétis­me (Ceebios), nous pensons «qu’il faut changer de cap face aux risques du réchauffem­ent climatique et de la globalisat­ion ». Alors, le changement, c’est maintenant?˜

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RÉDACTEUR EN CHEF
Jean-Marie Portal RÉDACTEUR EN CHEF

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