Le fait marquant
Le ministère de l’Intérieur a prévu de moderniser le système d’alerte en cas de danger grave encouru par la population. À partir de 2022, il pourra si besoin envoyer un SMS à tous les mobiles d’une zone géographique, sans exception.
En cas d'alerte ou de danger imminent, le ministère de l'Intérieur pourra, à partir de 2022, envoyer un SMS à tous les mobiles d’une zone géographique, sans exception.
COMPATIBLE AVEC TOUS LES SMARTPHONES, MÊME LES ANCIENS APPAREILS, LE « CELL BROADCAST » NE NÉCESSITE PAS DE TÉLÉCHARGER UNE APPLICATION
L’impressionnant incendie de l’usine Lubrizol à Rouen (Seine-Maritime), qui avait duré près de 12 heures dans la nuit du 25 au 26 septembre 2019, a marqué les esprits pour son ampleur et le manque d’information apportée à la population. Un an après l’accident industriel du site classé Seveso, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a annoncé le 24 septembre la mise en place d’un nouveau système d’alerte qui sera déployé afin de prévenir les habitants d’un danger, de les renseigner en temps réel des difficultés et de la conduite à suivre. Le dispositif s’appuie sur la géolocalisation de tous les portables présents dans une zone donnée, et la diffusion d’un SMS d’alerte à tous les appareils répertoriés.
QUE LE MOBILE SOIT ALLUMÉ OU NON. «C’est une très bonne chose, commente Esteban Bopp, chercheur en géographie à l’université d’Avignon (Vaucluse), qui fait une
thèse sur le sujet. Il s’agit d’un système hybride SMS et d’une diffusion cellulaire, appelé également “cell broadcast” dont le message s’affiche automatiquement avec un bruit spécifique. » Il avait été préconisé par le sénateur Vogel dans son rapport de 2017 après l’échec de l’appli SAIP qui multiplia les couacs, notamment lors de l’attentat de Nice le 14 juillet 2016. Compatible avec tous les smartphones et les mobiles d’anciennes générations, le «cell broadcast» ne nécessite pas de télécharger une application. L’avantage du système consiste en l’affichage de messages d’alerte directement sur l’écran du téléphone même s’il est éteint ou verrouillé. Il s’agit d’un standard international, qui permet d’atteindre un grand nombre de personnes sans encombrer les réseaux. Toutes les personnes se trouvant dans la zone de danger reçoivent le message, même les touristes qui ont un numéro de téléphone étranger. Ironie du sort, le «cell broadcast» a été inventé en France, à la technopole Sophia Antipolis en 1997, et a été adopté dans de nombreux autres pays (Espagne, Portugal, Italie, Finlande, Pays-Bas, Chine, Israël, États-Unis). D’après le chercheur, on pourra désormais «alerter environ 90 % de la population». Cette mesure arrive à point puisque l’Union européenne impose un protocole d’alerte obligeant tous les pays de l’Union à se doter d’un système d’alerte plus moderne d’ici à 2022. Les autorités françaises ont prévu une mise en route dès l’année prochaine sur les sites sensibles, avant d’être étendu sur toute la métropole et les départements d’outremer. Le budget alloué à l’opération s’élève à 50 millions d’euros.
MESSAGE TARDIF. Le dispositif présente toutefois quelques défauts, qui ne sont pas liés à la technologie adoptée mais à la chaîne de décision. En cas de danger comme les inondations, feux, tempêtes, risques industriels et nucléaires, menaces d’attentat, seules les autorités comme le maire et le préfet ont l’autorisation de lancer l’alerte. Un rapport du Sénat de mars 2019 sur les risques de tsunamis sur les côtes françaises a montré les faiblesses et la lourdeur des procédures. Lors d’un exercice organisé par la préfecture des Alpes-Maritimes et la ville de Cannes en novembre 2018, le message est arrivé aux communes 45 minutes après l’alerte.