Ce qui se trame dans les labos
Des chercheurs sont parvenus à imprimer des capteurs de quelques microns d’épaisseur, directement sur la peau, et à température ambiante.
- Des tatouages pour garder la forme. - La coloscopie pour les nuls.
- Curly ne s’est pas fait des amies.
Un tatouage bardé de capteurs pour surveiller les signes vitaux. L’idée n’est pas nouvelle. En 2017, une équipe de chercheurs de l’université de Tokyo au Japon présentait un patch trente fois plus fin qu’un cheveu, aussi souple et flexible que la peau sur lequel il était appliqué. Seul problème, et de taille, le matériau utilisé pour la conception de ce capteur était hautement hydrosoluble. Un simple passage sous un filet d’eau suffisait à le décomposer. C’est ce défaut qu’une équipe sino-américaine, dirigée par le docteur en électronique Ling Zhang, de l’institut de technologie de Harbin de Shenzen, s’est attelé à corriger.
Plutôt que de RÉSISTANCE EXCEPTIONNELLE. développer un patch, ils ont envisagé d’imprimer directement les capteurs sur la peau. Un défi de taille, car le procédé d’impression de tels composants exige de chauffer les particules métalliques à près de 300 degrés. Pas question bien entendu de soumettre la peau à un tel traitement. En ajoutant des nanoparticules de dioxyde de titane aux particules d’argent, les chercheurs sont parvenus à baisser la température d’impression à 100 °C, permettant l’application de capteurs sur du tissu ou papier. Intéressant pour, par exemple, créer des vêtements connectés à destination des sportifs, mais encore beaucoup trop chaud pour l’épiderme. Pour être utilisable en toute sécurité, les scientifiques ont admis que le tatouage devait être imprimé et se solidifier à température ambiante. Aux deux composants précédents, ils ont alors ajouté de l’alcool polyvinylique, un polymère hydrosoluble notamment utilisé dans les adhésifs, associé à du carbonate de calcium destiné à limiter la rugosité de la surface. Bingo! Grâce à ce nouveau mélange, Ling Zhang et son équipe ont réussi à imprimer, à basse température, et directement sur la peau, des capteurs d’une épaisseur d’un micron seulement. Et pourtant, le tatouage résiste admirablement à l’étirement ou la compression. Même appliqué sur le dos de la main ou les doigts, il conserve toutes ses propriétés électromécaniques. Et comme attendu, il peut être immergé sans dommage dans l’eau froide ou tiède. Pour le décoller, il suffit juste de le frotter sous un jet d’eau chaude. Le dispositif est si peu intrusif que les utilisateurs indiquent oublier rapidement sa présence.
Il peut SUIVI SUR DES APPAREILS CONNECTÉS. donc être imprimé sur la peau de nourrissons ou de personnes âgées. Les applications d’un tel tatouage sont nombreuses. Lors des tests, les chercheurs ont imprimé des capteurs de température, d’humidité et de rythme cardiaque. Ils ont également testé un dispositif de mesure de la saturation de l’oxygène, en couplant le capteur à un oxymètre de pouls. Chaque tatouage intégrait un tag RFID, de manière à assurer la transmission sans fil des données. Ainsi, ce dispositif non intrusif peut être relié à une montre connectée ou tout autre appareil permettant au porteur, ou au soignant, de suivre les constantes en temps réel.
De ce point de PAIEMENT SANS CONTACT ? vue, le tatouage cible tout autant les sportifs que les malades ou les personnes âgées bénéficiant d’un suivi médical à distance. Les chercheurs estiment aussi que le tatouage pourrait permettre de surveiller certains paramètres ou symptômes bien spécifiques, notamment ceux associés à la Covid-19. Mais à y regarder de plus près, ce nouveau dispositif ouvre des perspectives qui vont bien au-delà du seul domaine de la santé. Le tatouage pourrait par exemple intégrer une puce de paiement sans contact, un badge d’accès, ou une carte de visite que l’on partagerait simplement en tendant le bras. À condition toutefois d’améliorer sa durabilité et notamment sa résistance à l’eau chaude, pour éviter qu’il ne s’estompe au premier bain…