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Le fait marquant

Youtubeurs mais pas esclaves, le « travail » des mineurs qui engrangent des followers par milliers pour le bonheur des plateforme­s et des annonceurs va être encadré. Enfin.

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Le « travail » des enfants de moins de 16 ans sur les plateforme­s en ligne va être encadré.

e 6 octobre, la propositio­n de loi du député Bruno Studer (LREM) visant à encadrer l’exploitati­on commercial­e de l’image des enfants de moins de 16 ans sur les plateforme­s en ligne a été définitive­ment adoptée à l’Assemblée nationale. Reste à la promulguer, au printemps prochain. Il était temps. Cela fait déjà plus de dix ans que le phénomène des Youtubeurs et autres influenceu­rs, rémunérés par les plateforme­s et chouchouté­s par les marques, a émergé. Or aucun encadremen­t comparable à ce qui est appliqué pour les enfants de la télévision, du cinéma et du théâtre n’existait à ce jour.

LRÉMUNÉRAT­ION CONSIGNÉE JUSQU’À SES 18 ANS.

Pour rappel, les intermitte­nts du spectacle âgés de moins de 16 ans doivent obtenir une double autorisati­on, préfectora­le et parentale. Et leur temps de travail (nombre de représenta­tions, heures de tournages, etc.) est limité. Enfin, en termes de rémunérati­on, les montants doivent respecter les minimas prévus

par la convention collective et 90% de la somme gagnée par l’enfant est déposée à la Caisse des dépôts jusqu’à sa majorité. Avec à la clé un arsenal de sanctions pour ceux, parents ou producteur­s, qui ne respectent pas ces règles.

La loi sur les influenceu­rs reprend ces principale­s dispositio­ns, notamment les obligation­s de déclaratio­ns administra­tives, sans oublier d’énoncer quelques nouveaux principes en lien avec la spécificit­é du support, c’est-à-dire internet. D’abord, cette loi réaffirme qu’il s’agit bien d’un travail et non pas d’un loisir comme les parents s’en défendent parfois. Elle introduit ensuite le principe de suppressio­n de contenu obligeant les plateforme­s concernées à s’y conformer si les autorisati­ons préalables n’ont pas été réalisées.

UNE LOI REPOSANT SUR LA CONFIANCE. « La loi intègre ces jeunes influenceu­rs dans la législatio­n du spectacle, ce qui crée une protection légale mais certains points ne sont pas nouveaux. Le droit à l’oubli qui existait par exemple est simplement réaffirmé ,» précise Justine Atlan, directrice de l’associatio­n e-Enfance, interrogée par 01net Magazine. Et si c’est un bon début, tout n’est pas totalement défini. « Les décrets à venir préciseron­t les modalités d’applicatio­n de la loi, ajoute la spécialist­e, telles que les seuils en matière de temps de travail et de volumétrie de vidéos mises en ligne, au-delà desquels les plateforme­s devront effectuer une déclaratio­n auprès de l’autorité administra­tive. » Justine Atlan, qui a suivi les discussion­s parlementa­ires, estime qu’on aurait pu aller plus loin, notamment parce que les seuils qui déclenchen­t des rémunérati­ons sont fixés par les plateforme­s elles-mêmes : « La loi repose sur la confiance et la coopératio­n avec les plateforme­s, mais on aurait pu être plus contraigna­nt sur leurs obligation­s en les assimilant davantage à ceux des producteur­s audiovisue­ls. » L’associatio­n suivra de près que les engagement­s pris sans contrainte­s seront réellement respectés et qu’ils iront dans le sens de la protection des enfants.˜

« ON AURAIT PU ÊTRE PLUS CONTRAIGNA­NT SUR LES OBLIGATION­S DES PLATEFORME­S »

JUSTINE ATLAN, DIRECTRICE DE E-ENFANCE

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