On ne dispose pas encore de référentiels
Laetitia Barlerin, Vétérinaire, auteure, journaliste, animatrice de radio et de télévision*
01NET En tant que vétérinaire, quel regard portez-vous sur les objets connectés pour animaux ?
Beaucoup d’entre eux LAETITIA BARLERIN aident au diagnostic et au suivi médical. Parce que, sur la table de consultation, un chat ou un chien se retrouve un peu comme un nourrisson, incapable d’expliquer ce qui lui arrive, de montrer là où il a mal. Or, grâce à certains objets connectés, le vétérinaire va pouvoir observer son comportement à domicile et ainsi recueillir beaucoup plus de renseignements. Parce que tout changement de comportement chez l’animal peut être le témoin d’un problème médical.
Vous pensez à des appareils en particulier ?
Moi, j’aime bien les caméras d’intérieur. Filmer son animal quand on n’est pas là, d’un point de vue comportemental, c’est super. Pendant mes consultations, je demande souvent aux gens de le faire. Quitte à simplement utiliser la webcam de leur ordinateur. Sinon, il existe des colliers connectés, comparables aux bracelets pour sportifs, mais je n’en ai pas encore trouvé qui soient suffisamment au point. Le problème des capteurs d’activité, c’est qu’il faut des référentiels pour savoir si leurs mesures sont normales. C’est-à-dire des données issues de chats ou de chiens cobayes ayant été suivis pendant des mois avec enregistrements vidéo.
Faut-il donc se méfier des promesses de leurs fabricants ?
Oui, parce que beaucoup de start-up, très au point sur les technologies, prétendent que leurs colliers peuvent non seulement mesurer les périodes d’activité et d’inactivité de l’animal, mais aussi en révéler la nature. Et ainsi dire, entre autres, à quel moment il était en train de jouer, de manger, de dormir… Alors qu’on n’en sait rien ! Car, encore une fois, on ne dispose pas encore de référentiels.
Mais, concrètement, pourquoi est-ce si compliqué d’en établir ?
D’abord, les chats et les chiens du référentiel doivent se trouver dans un environnement normal, pas dans une cage. Ensuite, il faut les filmer 24 h/24 et faire le parallèle entre ce que l’on voit à l’image et les données relevées par le collier. Sachant qu’un bouledogue anglais n’a, par exemple, pas la même activité qu’un border collie ! Le premier est essoufflé dès qu’il court trois minutes, alors que le second peut courir des heures. Donc, tout cela prend énormément de temps à documenter. Alors, certes, il y a des écoles vétérinaires sur le coup. Mais, pour le moment, je n’ai encore jamais vu de telles analyses.z