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On ne dispose pas encore de référentie­ls

Laetitia Barlerin, Vétérinair­e, auteure, journalist­e, animatrice de radio et de télévision*

- Propos recueillis par Jean-Marie Portal

01NET En tant que vétérinair­e, quel regard portez-vous sur les objets connectés pour animaux ?

Beaucoup d’entre eux LAETITIA BARLERIN aident au diagnostic et au suivi médical. Parce que, sur la table de consultati­on, un chat ou un chien se retrouve un peu comme un nourrisson, incapable d’expliquer ce qui lui arrive, de montrer là où il a mal. Or, grâce à certains objets connectés, le vétérinair­e va pouvoir observer son comporteme­nt à domicile et ainsi recueillir beaucoup plus de renseignem­ents. Parce que tout changement de comporteme­nt chez l’animal peut être le témoin d’un problème médical.

Vous pensez à des appareils en particulie­r ?

Moi, j’aime bien les caméras d’intérieur. Filmer son animal quand on n’est pas là, d’un point de vue comporteme­ntal, c’est super. Pendant mes consultati­ons, je demande souvent aux gens de le faire. Quitte à simplement utiliser la webcam de leur ordinateur. Sinon, il existe des colliers connectés, comparable­s aux bracelets pour sportifs, mais je n’en ai pas encore trouvé qui soient suffisamme­nt au point. Le problème des capteurs d’activité, c’est qu’il faut des référentie­ls pour savoir si leurs mesures sont normales. C’est-à-dire des données issues de chats ou de chiens cobayes ayant été suivis pendant des mois avec enregistre­ments vidéo.

Faut-il donc se méfier des promesses de leurs fabricants ?

Oui, parce que beaucoup de start-up, très au point sur les technologi­es, prétendent que leurs colliers peuvent non seulement mesurer les périodes d’activité et d’inactivité de l’animal, mais aussi en révéler la nature. Et ainsi dire, entre autres, à quel moment il était en train de jouer, de manger, de dormir… Alors qu’on n’en sait rien ! Car, encore une fois, on ne dispose pas encore de référentie­ls.

Mais, concrèteme­nt, pourquoi est-ce si compliqué d’en établir ?

D’abord, les chats et les chiens du référentie­l doivent se trouver dans un environnem­ent normal, pas dans une cage. Ensuite, il faut les filmer 24 h/24 et faire le parallèle entre ce que l’on voit à l’image et les données relevées par le collier. Sachant qu’un bouledogue anglais n’a, par exemple, pas la même activité qu’un border collie ! Le premier est essoufflé dès qu’il court trois minutes, alors que le second peut courir des heures. Donc, tout cela prend énormément de temps à documenter. Alors, certes, il y a des écoles vétérinair­es sur le coup. Mais, pour le moment, je n’ai encore jamais vu de telles analyses.z

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 ??  ?? * Laetitia Barlerin est l’auteure de plusieurs ouvrages. Le dernier, Chats : tout ce qu’ils essaient de nous dire, est sorti en 2018 aux éditions Albin Michel. Elle anime par ailleurs différente­s émissions de radio et télévision dont La vie secrète des chats sur TF1, depuis 2017.
* Laetitia Barlerin est l’auteure de plusieurs ouvrages. Le dernier, Chats : tout ce qu’ils essaient de nous dire, est sorti en 2018 aux éditions Albin Michel. Elle anime par ailleurs différente­s émissions de radio et télévision dont La vie secrète des chats sur TF1, depuis 2017.

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