La 5G évitera la saturation des réseaux 4G déployés
Tout le monde parle de 5G, mais quid de la 4G? Alors que certaines populations ne la reçoivent pas encore, son déploiement va-t-il s’arrêter?
CÉDRIC O Il est vain d’opposer le déploiement de la 4G à celui de la 5G. Si nous veillons à ce que notre pays ne prenne aucun retard dans les innovations technologiques liées à la 5G, la priorité du gouvernement demeure bien d’apporter la 4G à tous les foyers et entreprises, dans l’ensemble des territoires et dans les meilleurs délais. Pour cela, au début de l’année 2018, le Gouvernement a négocié avec les opérateurs un « New Deal mobile » qui prévoit plusieurs milliards d’euros d’investissements supplémentaires afin d’améliorer la couverture mobile, notamment dans les zones rurales. Ainsi, les opérateurs s’étaient engagés, sous le contrôle et l’éventuelle sanction du régulateur indépendant (l’Arcep), à ce que l’ensemble du réseau mobile existant soit équipé en 4G à la fin de l’année 2020. Cette accélération de la modernisation de notre réseau mobile a eu un impact très important dans les zones rurales ces deux dernières années. Par ailleurs, les opérateurs avaient également promis de densifier le réseau existant par l’installation de 5000 nouveaux sites chacun (certains pouvant être mutualisés), à un rythme de 600 à 800 par an.
Que va nous apporter concrètement la 5G?
Elle améliorera les services internet existants, tout en évitant la saturation des réseaux 4G déployés. Les utilisateurs pourront bénéficier d’un débit nettement supérieur permettant, par exemple, d’utiliser des services de visioconférence plus performants. Les usages sont amenés à se développer progressivement et ne peuvent pas tous être anticipés aujourd’hui. Ainsi, peu de personnes avaient prévu, au lancement de la 4G en 2012, l’utilisation que nous en ferions aujourd’hui. Les nouveaux usages nécessitant simplement un meilleur débit sont d’ores et déjà prêts à être développés (utilisation des drones dans l’agriculture, par exemple). Certains nécessiteront davantage de temps pour être expérimentés, et d’autres devront encore attendre que toutes les dimensions de la 5G (faible latence, densité d’objets) soient disponibles.
La priorité du déploiement dans les zones urbaines et densément peuplées ne risque-t-elle pas d’aggraver la fracture numérique?
S’il est vrai que les opérateurs lancent en priorité leurs services dans les zones les plus denses, les conditions d’utilisation des fréquences, définies par le Gouvernement, prévoient un certain nombre d’obligations. Elles sont particulièrement exigeantes en matière de couverture de l’ensemble du territoire puisque, d’une part, 25 % au moins des sites équipés en 3,5 GHz devront se situer en zone rurale ou industrielle (hors des principales agglomérations) et que, d’autre part, la 4G va être renforcée, notamment au travers de la 4G+. Les opérateurs devront progressivement offrir un débit maximal théorique de 240 mégabits par seconde sur chaque site du réseau mobile actuel, que ce soit avec de la 5G ou de la 4G améliorée.
Que pensez-vous du débat sur la prétendue « fausse 5G », fustigée par Stéphane Richard, le PDG d’Orange, et fonctionnant dans la bande de fréquence des 700 MHz?
L’expression « 5G » cristallise des évolutions technologiques dans l’ensemble du réseau, mais qui se déploieront progressivement. C’est un cocktail d’innovations qui s’appuient sur de nouvelles fréquences, de nouvelles antennes, de nouveaux terminaux, de nouveaux coeurs de réseaux… Il n’y a pas de « fausse 5G », mais il existe différentes étapes, plus ou moins avancées, et plusieurs modalités de mise en oeuvre des innovations permises par la cinquième génération de réseau mobile. Et c’est vrai que nous n’en sommes qu’au début. L’important, c’est de bien informer le consommateur pour qu’il ait parfaitement conscience de ce que lui apporte aujourd’hui la 5G, à la fois en termes de couverture, de débit et d’usages, et qu’il puisse faire un choix éclairé avant d’opter pour un autre forfait et un nouveau terminal.