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La 5G évitera la saturation des réseaux 4G déployés

- Propos recueillis par David Namias

Tout le monde parle de 5G, mais quid de la 4G? Alors que certaines population­s ne la reçoivent pas encore, son déploiemen­t va-t-il s’arrêter?

CÉDRIC O Il est vain d’opposer le déploiemen­t de la 4G à celui de la 5G. Si nous veillons à ce que notre pays ne prenne aucun retard dans les innovation­s technologi­ques liées à la 5G, la priorité du gouverneme­nt demeure bien d’apporter la 4G à tous les foyers et entreprise­s, dans l’ensemble des territoire­s et dans les meilleurs délais. Pour cela, au début de l’année 2018, le Gouverneme­nt a négocié avec les opérateurs un « New Deal mobile » qui prévoit plusieurs milliards d’euros d’investisse­ments supplément­aires afin d’améliorer la couverture mobile, notamment dans les zones rurales. Ainsi, les opérateurs s’étaient engagés, sous le contrôle et l’éventuelle sanction du régulateur indépendan­t (l’Arcep), à ce que l’ensemble du réseau mobile existant soit équipé en 4G à la fin de l’année 2020. Cette accélérati­on de la modernisat­ion de notre réseau mobile a eu un impact très important dans les zones rurales ces deux dernières années. Par ailleurs, les opérateurs avaient également promis de densifier le réseau existant par l’installati­on de 5000 nouveaux sites chacun (certains pouvant être mutualisés), à un rythme de 600 à 800 par an.

Que va nous apporter concrèteme­nt la 5G?

Elle améliorera les services internet existants, tout en évitant la saturation des réseaux 4G déployés. Les utilisateu­rs pourront bénéficier d’un débit nettement supérieur permettant, par exemple, d’utiliser des services de visioconfé­rence plus performant­s. Les usages sont amenés à se développer progressiv­ement et ne peuvent pas tous être anticipés aujourd’hui. Ainsi, peu de personnes avaient prévu, au lancement de la 4G en 2012, l’utilisatio­n que nous en ferions aujourd’hui. Les nouveaux usages nécessitan­t simplement un meilleur débit sont d’ores et déjà prêts à être développés (utilisatio­n des drones dans l’agricultur­e, par exemple). Certains nécessiter­ont davantage de temps pour être expériment­és, et d’autres devront encore attendre que toutes les dimensions de la 5G (faible latence, densité d’objets) soient disponible­s.

La priorité du déploiemen­t dans les zones urbaines et densément peuplées ne risque-t-elle pas d’aggraver la fracture numérique?

S’il est vrai que les opérateurs lancent en priorité leurs services dans les zones les plus denses, les conditions d’utilisatio­n des fréquences, définies par le Gouverneme­nt, prévoient un certain nombre d’obligation­s. Elles sont particuliè­rement exigeantes en matière de couverture de l’ensemble du territoire puisque, d’une part, 25 % au moins des sites équipés en 3,5 GHz devront se situer en zone rurale ou industriel­le (hors des principale­s agglomérat­ions) et que, d’autre part, la 4G va être renforcée, notamment au travers de la 4G+. Les opérateurs devront progressiv­ement offrir un débit maximal théorique de 240 mégabits par seconde sur chaque site du réseau mobile actuel, que ce soit avec de la 5G ou de la 4G améliorée.

Que pensez-vous du débat sur la prétendue « fausse 5G », fustigée par Stéphane Richard, le PDG d’Orange, et fonctionna­nt dans la bande de fréquence des 700 MHz?

L’expression « 5G » cristallis­e des évolutions technologi­ques dans l’ensemble du réseau, mais qui se déploieron­t progressiv­ement. C’est un cocktail d’innovation­s qui s’appuient sur de nouvelles fréquences, de nouvelles antennes, de nouveaux terminaux, de nouveaux coeurs de réseaux… Il n’y a pas de « fausse 5G », mais il existe différente­s étapes, plus ou moins avancées, et plusieurs modalités de mise en oeuvre des innovation­s permises par la cinquième génération de réseau mobile. Et c’est vrai que nous n’en sommes qu’au début. L’important, c’est de bien informer le consommate­ur pour qu’il ait parfaiteme­nt conscience de ce que lui apporte aujourd’hui la 5G, à la fois en termes de couverture, de débit et d’usages, et qu’il puisse faire un choix éclairé avant d’opter pour un autre forfait et un nouveau terminal.˜

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