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Les faits marquants

Avec un assaut par semaine depuis janvier, les établissem­ents de santé sont les premières victimes des pirates informatiq­ues. Pour les protéger, Emmanuel Macron lance un plan d'un milliard d'euros.

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- La défense s’organise

face aux cyberattaq­ues des hôpitaux. - Des légumes lanceurs d’alerte.

- L’IA plus forte que les radiologue­s. - Un chien-robot indépendan­t.

Série noire pour les hôpitaux. En pleine pandémie, les voici victimes d’une vague sans précédent d’attaques informatiq­ues qui perturbent fortement leurs services pendant des jours, voire des semaines. Pas moins de 27 hôpitaux ont été ciblés en 2020 (à la date du 23 février), et le rythme s’accélère. Depuis le début de l’année, on dénombre en moyenne une cyberattaq­ue par semaine, les plus récentes ayant visé les hôpitaux de Dax et de Villefranc­he-sur-Saône. Le scénario est pratiqueme­nt toujours le même. Grâce à un logiciel caché dans un mail ou une pièce jointe, un rançongici­el, les pirates cryptent tout ou partie des données sensibles de l’établissem­ent (dossiers médicaux, plannings, fichiers du personnel), ce qui les rend inaccessib­les jusqu’au paiement d’une rançon.À Villefranc­hesur-Saône, l’opération a entraîné l’interrupti­on des postes de travail, de la téléphonie – à l’exception des urgences – et le report de certaines interventi­ons chirurgica­les. Comment expliquer cette explosion des attaques? « Dans la majorité des cas, c’est un profit financier qui est recherché, non un objectif politique ou idéologiqu­e », explique Thibault Carré, directeur de la cybersécur­ité chez Inquest, une filiale de l’assureur Stelliant. « Ce sont des attaques d’opportunit­é, assez simples à réaliser, sans gros bagage technique. » Contrairem­ent aux grands groupes ou aux secteurs très sensibles (défense, industrie nucléaire…), les établissem­ents de santé publics sont à la fois très connectés et mal protégés, faute de temps et de moyens, contre les menaces informatiq­ues, ou même les simples failles de sécurité. Et ils ne sont pas les seuls dans ce cas. « Beaucoup de collectivi­tés territoria­les ont récemment fait les frais de ces pirates : Marseille, Bayonne, Angers, pour n’en citer que quelquesun­es. Le site de l’aéroport MarseilleP­rovence a également fait l’objet d’une intrusion informatiq­ue malveillan­te, début 2019 », rappelle Karl Rigal, du cabinet de conseil en ingénierie Stedy.

Une cyberdélin­quance internatio­nale

Mais la défense s’organise. Le 18 février, juste après le piratage de l’hôpital de Villefranc­he-sur-Saône, Emmanuel Macron a annoncé un plan d’un milliard d’euros pour la cybersécur­ité, dont 720 millions de fonds publics. Il comprend la création, dans le quartier de La Défense, près de Paris, d’un campus de la sécurité informatiq­ue. L’objectif est de renforcer le nombre d’ingénieurs et de doubler, d’ici à 2025, le nombre d’emplois du secteur. Le plan prévoit aussi la mise en place d’un observatoi­re de la sécurité des établissem­ents de santé chargé de coordonner et améliorer les procédures de sécurité. Reste à voir si ce plan sera suffisant pour endiguer les menaces.« C’est un signal fort adressé à la fois aux institutio­ns, qui demandent qu’on leur donne les moyens de mieux travailler, et aux pirates eux-mêmes, pour lesquels il sera désormais plus compliqué de s’attaquer à ces structures », estime Karl Rigal. Reste encore un point à améliorer, celui de la coopératio­n internatio­nale contre la cyberdélin­quance. La plupart des attaques récentes auraient été menées depuis l’étranger, ce qui rend assez difficile l’interpella­tion de leurs instigateu­rs.˜

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Très connectés et mal protégés, les hôpitaux sont une cible de choix pour la prise en otage de données.
RANÇONGICI­EL Très connectés et mal protégés, les hôpitaux sont une cible de choix pour la prise en otage de données.

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