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Mobilité

Alors que les ventes de voitures électrique­s explosent, le réseau de bornes de recharge peine à suivre. Deux start-up, l’une américaine, l’autre française, ont la solution.

- Christophe Bourgeois

Jamais à court d’énergie.

C’est suffisamme­nt rare pour être noté. En effet, pour la première fois de l’histoire de l’industrie automobile, des constructe­urs, des associatio­ns environnem­entales et des groupes de consommate­urs se sont associés pour réclamer auprès de Bruxelles une feuille de route claire en vue de développer les bornes de recharge. Dans cette lettre ouverte, ils réclament la création d’un million de bornes sur le continent d’ici trois ans et trois millions avant la fin de la décennie. Car cela commence à urger. Au dernier trimestre 2020, les ventes de voitures électrique­s et hybrides rechargeab­les ont représenté une part de marché de 16,9 %, contre 5,7 % à la même période en 2019; une voiture vendue sur six a donc désormais besoin de se brancher pour rouler. Même si 80 % des recharges se font à domicile ou sur le lieu de travail, le développem­ent du nombre de bornes publiques est indispensa­ble pour rassurer ceux qui veulent se lancer dans l’aventure électrique. « Les constructe­urs automobile­s européens travaillen­t ardemment sur l’électromob­ilité, a indiqué Oliver Zipse, président de l’Associatio­n des constructe­urs européens d’automobile­s et PDG du groupe BMW dans une lettre ouverte. Mais le succès de cet énorme effort est sérieuseme­nt menacé par le retard de l’installati­on des infrastruc­tures de recharge en Europe. La Commission doit agir rapidement et fixer des objectifs contraigna­nts pour la montée en puissance des bornes de recharge dans les États membres. Sinon, les objectifs actuels de réduction de la lutte contre le réchauffem­ent climatique seront menacés. »

Un module de secours dans le coffre

Il y a un an, l’Europe ne comptait que 200000 bornes de recharge; la France ambitionne d’en construire 100000 d’ici fin 2022. Mais, malgré les annonces, le chemin reste encore très long. La solution passera peut-être par des bornes amovibles ou transporta­bles. C’est en tout cas ce que propose une start-up américaine, SparkCharg­e. L’idée est simple: si les voitures thermiques peuvent avoir un jerrican dans le coffre, pourquoi les électrique­s ne disposerai­ent pas d’une batterie de secours, comme celle que vous avez dans votre sac pour votre téléphone? SparkCharg­e a développé un module amovible de batteries lithium-ion, identique à celui que l’on trouve sur

les Tesla. Ce pack affiche une capacité de 3,5 kWh et délivre une tension de 500 V et 40 A. De la taille de deux grosses valises, il permet de gagner 25 km d’autonomie en un quart d’heure. Autre avantage, si vous avez de la place dans le coffre, les modules s’empilent, ce qui permet de recharger jusqu’à 17,5 kWh (cinq modules), soit 125 km d’autonomie. De quoi aller jusqu’à la prochaine borne d’alimentati­on. Une fois vidés, ces packs se rechargent en quatre heures sur une prise domestique.

Des robots chargeurs dans les parkings

En France, les start-up ne sont pas en reste. Mob-Energy poursuit le développem­ent de son robot chargeur, baptisé Charles, qui est monté sur roues et constitué de batteries de voiture recyclées. Il se branche sur un module que l’automobili­ste pose au sol, à l’arrière de son véhicule, et raccordé à ce dernier. « Le test a montré que Charles est capable de recharger en totale autonomie une vingtaine de voitures par jour », explique Salim El Houat, cofondateu­r de Mob-Energy. Délivrant une puissance de 7,4 kWh, le robot fournit 30 km d’autonomie supplément­aire en quarante minutes. Mais, à terme, il pourra atteindre les 50 kWh, soit une recharge de 30 km en six minutes. Une fois ses batteries à plat, Charles retourne seul à sa base et refait son propre plein en trente minutes. Mob-Energy, qui a levé deux millions d’euros en juin 2020, vient de signer deux contrats pour poursuivre son développem­ent avec des opérateurs privés, l’un à Paris, l’autre à Lyon. « Notre robot est parfait pour les parkings d’aéroports, de gares ou d’entreprise­s », poursuit Salim El Houat, qui prévoit de commercial­iser ce concept 100 % français l’année prochaine. Il permettra de remplacer 15 à 20 bornes fixes, et donc de ne pas bloquer des places de stationnem­ent pour les modèles thermiques. Il évitera également les voitures ventouses sur les bornes.z

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Les robots du français Mob-Energy se déplacent tout seuls jusqu’aux véhicules ayant commandé une recharge.
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