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SON APPLI, SA LIBERTE DE CHANTER

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Ne le cherchez plus sur les plateforme­s de streaming. Après avoir quitté sa maison de disques, Pascal Obispo ne diffuse plus sa musique que sur sa propre applicatio­n, Obispo All Access. Une démarche inédite que l’artiste a bien voulu nous expliquer.

01NET Que proposez-vous exactement avec Obispo All Access?

On y retrouve toute ma musique PASCAL OBISPO d’hier, qui n’est désormais plus sur les plateforme­s de streaming, et également celle que je suis en train de composer. C’est-à-dire de nouveaux projets, plein de disques, de chansons, de covers, d’instrument­aux, d’albums inédits, et même des podcasts où je raconte l’histoire de certains de mes titres. Et puis aussi une « chaîne » où l’on trouve des documentai­res parlant de mes albums, des karaokés, des clips, tous mes lives et des interviews réalisées par ma femme, Julie Obispo. Pour les interviews, on a commencé avec Jonathan Lehmann, l’auteur des Antisèches du bonheur. Il y aura bientôt Vianney, des musiciens… beaucoup d’invités. Obispo All Access, pour moi, c’est comme un laboratoir­e de musique et d’images.

01NET Et donc, c’est du 100 % Obispo et rien d’autre?

Pour l’instant, oui. Parce qu’il faut bien P. O. que je commence. Mais en ce moment, je travaille avec deux artistes, notamment un groupe de rock, qui se retrouvero­nt aussi sur ma plateforme. Donc, à terme, on pourra tout de même y découvrir d’autres chanteurs ou musiciens. Mais pas ceux qui sont sous contrat avec une maison de disques. Moi, je suis libre, donc j’ai la possibilit­é de travailler principale­ment avec des gens qui le sont aussi, ou qui n’ont plus de contrat, comme c’est le cas de beaucoup d’artistes en ce moment.

01NET La démarche est pour le moins surprenant­e, parce qu’inédite…

D’autres artistes ont déjà créé des applicatio­ns P. O. avant moi, mais aujourd’hui, je suis sans doute, effectivem­ent, le premier à proposer autant de contenus, dont l’intégralit­é de mes albums, gratuiteme­nt pendant plusieurs mois. Avec cette volonté de présenter, en plus, des nouveautés tous les vendredis. Ça, je pense que c’est vraiment inédit!

01NET Mais qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans ce projet?

J’ai commencé à y penser il y a cinq ans, P. O. et à travailler dessus il y a deux ans. Parce que je me suis aperçu que, à un moment, je risquais d’être frustré par mes nombreuses envies, incompatib­les avec le système dans lequel j’évoluais. Dont celle de produire beaucoup plus de musique que la normale. Ça s’est toujours bien passé avec mes maisons de disques, ce n’est pas un projet contre elles, mais justement, je veux me servir de cette expérience pour offrir quelque chose de différent. Il faut considérer qu’il y a des artistes un peu à part. Moi, j’ai un tempo différent. Et j’en ai profité pour faire de l’image, des bandes dessinées, des textes, des interviews, des rencontres… Aujourd’hui, j’ai envie de montrer tout ça, d’être en direct avec le public, et de ne plus seulement lui proposer un bouton sur lequel appuyer pour avoir de la musique.

01NET Cela correspond à vos propres attentes en tant que consommate­ur?

Oui, parce que moi aussi, je suis abonné P. O. à une plateforme de streaming, et c’est vrai que je suis très heureux d’y avoir mes playlists. Mais j’aimerais bien qu’elles me permettent de découvrir plus en profondeur certains artistes, de découvrir le studio de McCartney ou de M, par exemple, et de voir comment ils tournent. Après, tout le monde ne fonctionne pas comme ça. Écouter un disque, c’est un autre concept.

01NET En contrepart­ie, vous vous coupez cependant de sources de revenus…

Bien sûr, mais ma démarche n’est pas P. O. financière. C’est avant tout une opération pour être libre, tout simplement. Alors oui, je me coupe sans doute de certaines sources de revenus, mais bon… La liberté a un prix. De toute façon, sur YouTube, par exemple, on sait comment cela fonctionne. Il faut faire un million de vues pour gagner je ne sais combien, et ça ne vous paye même pas un clip. Avec un million de vues, je peux tout juste produire une chanson. Autant dire que c’est à fonds perdu.

01NET Et donc, à terme, il faudra payer 5,99 euros par mois pour pouvoir écouter Pascal Obispo…

Oui, c’est l’équivalent du prix d’une P. O. place de concert par an. Ce qui me permet de faire travailler un tas de gens, des mixeurs, des ingénieurs, des musiciens… Ma plateforme fait vivre toute une communauté de personnes pour qui la période actuelle est très difficile. Et puis, si le public participe massivemen­t, je vais pouvoir augmenter encore le nombre de mes créations, et je trouve que c’est une donnée intéressan­te quand on est un artiste.˜

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