Faites preuve de SOBRIETE DIGITALE pour agir contre le réchauffement climatique
L’empreinte environnementale croissante de nos appareils pourrait conduire à une limitation des usages. Mieux vaut donc, dès à présent, gérer ses besoins.
H «alte au climassacre. »« Les calottes sont cuites.» « Error 404, planet B not found. » Sur les banderoles des participants aux nombreuses marches pour le climat du 13 octobre dernier, le mot d’ordre est clair. Il est urgent de lutter contre le réchauffement climatique et de réduire nos émissions de carbone. Pour partager cet enthousiasme et témoigner leur engagement, les manifestants, smartphone en main, prennent de nombreuses photos et vidéos qu’ils postent à l’envi sur les réseaux sociaux avec leur connexion 4G. « C’est le comble de l’écolo, s’amuse un commentateur. Manifester contre tout ce qui nuit à l’environnement, oui ! mais renoncer aux outils numériques gourmands en énergie et en carbone, faut pas pousser! »
Certes, le digital aide à mobiliser sur le changement climatique. Il représente aussi un potentiel pour accélérer la transition écologique voulue par le ministère du même nom, qui y voit un atout pour gérer et réduire la consommation énergétique et les émissions de carbone ou autres gaz à effet de serre. En effet, il permet de communiquer à distance, et donc de moins nous déplacer, et d’optimiser les procédés industriels ou agricoles. Nous en percevons d’autant plus les résultats lors de la crise sanitaire actuelle.
Les chiffres sont brutaux
Cependant, le propre impact environnemental direct et indirect du numérique s’accroît d’année en année. Et les chiffres sont brutaux. Selon le dernier rapport du groupe de réflexion français The Shift Project, confirmé par plusieurs autres études, la consommation énergétique du numérique s’accroît de 9 % tous les ans. Une dynamique est enclenchée et, si rien n’est fait, ses émissions de carbone augmenteront de 8 % par an, pour atteindre d’ici à 2025 le niveau actuel de pollution de l’automobile. « On voit bien que la transition numérique telle qu’elle est menée aujourd’hui participe davantage au dérèglement climatique qu’elle n’aide à le prévenir, s’insurge Maxime Efoui-Hess, coauteur du rapport. L’idée couramment véhiculée selon laquelle chaque gramme de CO2 émis par le numérique permettrait d’en économiser dix autres est donc non avérée. » Le risque est de voir le numérique évo
luer sans contrôle, logique ni direction, et ainsi de le rendre vulnérable face aux dangers à venir, le dérèglement climatique ou la disponibilité des ressources.
La tragédie des échelles
Pour autant, il ne faut pas blâmer ceux qui utilisent les réseaux sociaux pour dénoncer les dérives écologiques ou qui regardent de plus en plus de films en streaming. « Ce n’est ni sain ni justifié », décrète Maxime EfouiHess. À ses yeux, les gestes individuels ne font pas économiser beaucoup d’énergie et de carbone quand il s’agit d’usages en ligne via des réseaux déjà installés qui consomment de toute manière. Il parle plutôt d’une « tragédie des échelles ». Les efforts de chacun ne permettent pas des économies directes. Ils sont cependant essentiels à la construction de questions collectives, afin d’éviter de déployer des réseaux qui ne se justifient que par un accroissement des usages.
Après l’accord sur le climat signé lors de la COP21, en 2015, et la pression des climatofervents, les très grandes entreprises sentent le vent tourner. Les Gafam se reprennent et rivalisent maintenant d’annonces pour réduire leurs dépenses énergétiques et atteindre une empreinte carbone neutre d’ici à 2030. Mais cela sera-t-il suffisant ?
Tous les adeptes du digital devrontils se serrer la ceinture numérique? Non! Car on peut facilement être fan de digital et écologiste soucieux de limiter ses émissions de carbone. Comment? Sans restriction ni frugalité, de nombreuses voix plaident aujourd’hui pour la promotion d’une certaine sobriété numérique. Afin de casser la dynamique actuelle et de rendre le numérique compatible avec les contraintes climatiques.z