LA FIN DE LA TÉLÉ À PAPA ?
Tout le monde en parle. Sur les réseaux sociaux, dans les journaux, les magazines, à la télé… En seulement quelques semaines, Samuel Étienne est devenu un véritable phénomène médiatique. Et lui-même s’en étonne. Parce que de prime abord, tout ce ramdam ne tient pas à grand-chose. Juste à son arrivée, fin décembre, sur Twitch, la plateforme de streaming de jeux vidéo. Mais il faut dire que l’incursion de l’animateur de Questions pour un champion dans cet univers de « gamers » a tout de même de quoi déconcerter. Car le journaliste n’y vient pas pour jouer, mais partager sa passion pour la bonne vieille presse papier. Chaque matin ou presque, aux alentours de 9 h 30, Samuel Étienne feuillette ainsi en « live » les quotidiens du jour, et partage avec ses « viewers » – on ne dit pas spectateurs sur Twitch – ses articles préférés. Et ce, en toute simplicité et intimité, puisque tous ses « streams » sont tournés à domicile, depuis une chambre ou le dressing de son appartement parisien.
Mais ce qui fascine
surtout les médias, on s’en doute, c’est le nombre de « followers », autrement dit de « suiveurs », de ces rendez-vous. À l’heure où nous écrivons, il avoisine les 335000 sans cesser d’augmenter à vue d’oeil. Et chaque stream est regardé en direct par 15 à 20000 personnes, voire beaucoup plus lorsqu’un François Hollande ou un Jean Castex s’y invite. De quoi donner des idées à TF1, France Télévisions ou encore BFMTV pour, peut-être, enfin capter ce public de moins en moins attiré par la télé à papa, en l’occurrence les 18-35 ans. La preuve en est, du reste, avec cette première expérimentation de la chaîne d’info en continu, le 3 mars dernier. Sauf que, si celle-ci a attiré quelque 22 000 viewers, on en retient surtout le flot ininterrompu d’insultes qui, toute la durée de ce stream d’une heure, a pollué l’espace de tchat.
N’est pas Samuel Étienne
qui veut. Ni Thierry Beccaro, d’ailleurs. Depuis le 26 février, chaque vendredi soir, cette autre figure emblématique du paysage audiovisuel français vient pour sa part parler « de tout et de rien » avec les internautes, et dans la bonne humeur (lire notre interview p. 8). Parce que la particularité essentielle de Twitch, c’est de mettre en prise directe streamers et viewers. Or, cette proximité est naturellement à double tranchant. Ça passe… ou ça casse. Et nul n’est à l’abri des trolls. La journaliste de BFMTV Margaux de Frouville en a fait les frais, elle ne sera sans doute pas la seule. Pour se tailler une place sur ce nouveau medium, les chaînes de télévision vont donc devoir s’armer d’une palanquée de modérateurs. Mais au final, sans la garantie que le phénomène Twitch ne soit pas… qu’un feu de paille? Affaire à suivre.