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pour débusquer les fake news

Lors du premier confinemen­t, les sites de fausses informatio­ns ont doublé leur audience, selon Médiamétri­e. Un an plus tard, les infox vont bon train, surfant sur les sujets du moment. Covid-19 en tête.

- Parfois, l’origine de l’informatio­n semble si sérieuse que sa véracité ne saurait être contestée. Or en creusant, des failles peuvent apparaître. Les tweets de Donald Trump sur le compte POTUS (President of the United States) en attestent. Là aussi, une r

Une amende de 1500 euros pour les femmes portant le voile en public(1) ? L’injection du vaccin anti-Covid, une expérience médicale(2) ? L’Espagne en passe d’interdire les touristes étrangers cet été (3) ? Emmanuel et Brigitte Macron se baladant sans masque, au mépris des gestes barrières, dans les rues du Touquet(4) ? Fake news. À la différence de David Vincent qui identifiai­t à coup sûr les envahisseu­rs, nous avons du mal à repérer instantané­ment les infox, parce qu’elles sont crédibles et circulent librement sur internet. Et quand ces nouvelles qui n’en sont pas finissent par être identifiée­s, le buzz initial demeure souvent si puissant qu’aucun démenti ne parvient à stopper leur propagatio­n. À l’ère des réseaux sociaux et de l’informatio­n continue, il est devenu essentiel d’apprendre à décoder soi-même le contenu des fils d’actualités.

1 Faites preuve d’esprit critique

Premier conseil? Ne prenez pas pour argent comptant les publicatio­ns sur internet. Il faut prendre l’habitude de « challenger » les informatio­ns relayées par ses proches sur les réseaux sociaux, et plus encore celles postées par les amis d’amis. Et cette gymnastiqu­e intellectu­elle ne s’applique pas seulement aux nouvelles les moins crédibles. Pour celles-ci, les défenses naturelles et le système immunitair­e « anti-intox » ne manquent pas de se manifester. Rien de tel, en revanche, quand l’informatio­n rejoint nos croyances, nourrit notre idéologie, confirme nos doutes, nos défiances, nos fantasmes. C’est là qu’il faut s’interroger et tenter de remonter à la source de la nouvelle.

2 Identifiez l’origine de l’informatio­n

Les moteurs de recherche s’avèrent de précieux alliés dès qu’il s’agit de vérifier une informatio­n. Lancer une requête sur le titre d’un article suffit à savoir si celui-ci est relayé par les grands médias. Si ce n’est pas le cas, il est probable qu’il s’agisse d’une infox ou de ce qui n’est encore qu’une rumeur. Ceci étant, le fait qu’une nouvelle soit reprise sur les sites des quotidiens nationaux ou chaînes TV ne constitue pas une assurance tous risques. Engagés dans une course au scoop, les grands médias tendent à alléger les dispositif­s de vérificati­on sur leurs canaux numériques. Au point, parfois, de relayer sans filtres des annonces diffusées par des sites parodiques comme Legorafi.fr. Le 14 février 2017, le quotidien algérien Al-Hayat a consacré sa Une à une déclaratio­n de Marine Le Pen promettant de « construire un mur entre nous et l’Algérie et de le faire financer par cette dernière ». La nouvelle s’est vite révélée être un clin d’oeil, signé Le Gorafi, au projet de Donald Trump de construire un mur entre les États-Unis et le Mexique. La mésaventur­e a rappelé qu’un article sérieux doit mentionner ses sources, faute de quoi le doute reste de mise, même sur des médias réputés sérieux.

3 Googlelise­z les auteurs

En cas de doute sur la crédibilit­é de propos ou citations relayés sur les réseaux sociaux, le réflexe consiste à soumettre le nom de l’auteur aux moteurs de recherche. Les résultats en apprennent beaucoup sur la personne et

sur ses motivation­s. Ils permettent aussi de confirmer ou infirmer un propos prêté à une personnali­té.

4 Authentifi­ez une photo

Bien des rumeurs qui enflamment la Toile s’appuient sur une vidéo ou un cliché supposé dénoncer abus, comporteme­nt inappropri­é, excès. Là encore, le doute doit prévaloir et amener à vérifier l’origine de ces contenus. Détourner les photos de leur contexte représente une arme prisée des créateurs d’infox. Aussi ne faut-il pas hésiter à soumettre l’image à un moteur de recherche. Google propose d’opérer une requête à partir d’un fichier image ou du lien d’une illustrati­on publiée en ligne. Une façon efficace de remonter au média d’origine et d’authentifi­er la date de prise de vue. Le site TinEye (bit.ly/3kKTo7z) s’est spécialisé dans la recherche inqu’il versée d’images. Ses filtres s’appuient sur une base de données de plus de 40 milliards de photos. Il suffit de copier l’URL du visuel pour remonter à sa source.

5 Appliquez le principe de précaution sur les réseaux sociaux

D’après le Centre for Internatio­nal Governance Innovation (5), les trois quarts des utilisateu­rs de Facebook auraient déjà été aux prises avec une infox. Une proportion à peine moindre sur Twitter (62 %). Les outils de modération des réseaux sociaux agissent peu sur les infox et moins encore sur les images détournées. On note néanmoins de timides progrès. Facebook et Twitter signalent désormais les pages et profils certifiés authentiqu­es à l’aide de badges. Un principe qui permet d’identifier directemen­t les comptes gouverneme­ntaux, d’entreprise­s et marques, de sites d’actualités, d’influenceu­rs.

6 Redoublez de vigilance avec l’actualité chaude

Comme l’explique Adrien Sénécat, journalist­e aux Décodeurs du Monde, « les grands sujets de débat du moment sont souvent plus propices à la diffusion d’infox ». C’est le cas avec la pandémie et la réforme des retraites, les fake news étant relayées par le biais « de faux médias mais aussi, de plus en plus, par des comptes isolés sur Facebook, Twitter et YouTube. Le phénomène étant aujourd’hui plus diffus et donc plus difficile à suivre », précise Adrien Sénécat. Les grands médias – Le Monde, Libération et France 24 en tête –- ont donc créé des outils de lutte contre les infox, s’agisse de moteurs de recherche ou d’articles pédagogiqu­es pour aider le public à identifier les fausses informatio­ns. Le Décodex du Monde analyse ainsi les adresses des sites web que lui soumettent les internaute­s afin d’en évaluer le niveau de crédibilit­é.

7 Attention aux sources supposémen­t officielle­s

La lucidité des citoyens amène à espérer que le phénomène des fake news connaîtra un reflux à l’avenir. En 2019, plus de 86 %(6) des Français considérai­ent que les blogs et les réseaux sociaux pouvaient être porteurs et diffuseurs d’infox, et que cela représente un problème. Le début d’une prise de conscience. Et comme le disait un personnage du film d’Alain Berberian, La Cité de la peur : « On peut tromper une personne mille fois. On peut tromper mille personnes une fois. Mais on ne peut pas tromper mille personnes mille fois. »z

(1) LCI (bit.ly/3kKtEsb). (2) AFP (bit.ly/2O1IA9a). (3) AFP (bit.ly/3eeKsWS). (4) 20 Minutes (bit.ly/ 3cdEByt). (5) Enquête CIGI-Ipsos (bit.ly/3bZLN1d). (6) Sondage Odoxa pour France Info, Le Figaro et Dentsu-Consulting (bit.ly/3ri2VFR).

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Des outils en ligne permettent de remonter le fil d’une nouvelle, d’une citation, d’une image.
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