Ce drone miniature a tout d’un grand
Ce nanorobot sous-marin, développé et fabriqué en France, affiche des caractéristiques réservées jusqu’ici à des submersibles de grande taille, vendus plusieurs centaines de milliers d’euros.
Les robots sous-marins autonomes, ou AUV (Autonomous Underwater Vehicle), sont capables de remplir une mission sans aucune intervention humaine. Problème, la plupart d’entre eux sont gros, extrêmement coûteux et nécessitent une solide formation voire, souvent, de faire coopérer plusieurs personnes pour être utilisés en toute sécurité. Pourtant, le marché des AUV devrait connaître une croissance de 20 % par an au cours des cinq prochaines années. De plus en plus, ces robots seront amenés à remplacer l’homme dans de nombreuses opérations pour réduire les coûts d’exploitation, la pénibilité des tâches et les dangers potentiels.
Polyvalence accrue
C’est dans cette optique qu’a été conçu Yuko, un micro-drone sous-marin développé et fabriqué en Bretagne, par la société Seaber. Ce qui surprend au premier regard, au-delà de sa taille minuscule – un mètre de long pour environ dix kilos –, ce sont ses caractéristiques. Le robot, totalement autonome, peut descendre jusqu’à 300 mètres de profondeur et rester dix heures en immersion. Sa coiffe peut accueillir toute une panoplie de capteurs et d’instruments scientifiques, pour une polyvalence accrue. Il est de plus possible d’y greffer une caméra pour l’observation des fonds marins. Et sa centrale de navigation est tout aussi remarquable. La plupart des appareils vendus dans le commerce sont généralistes, c’est-à-dire conçus aussi bien pour un usage aérien, terrestre que sous-marin. Mais leur efficacité s’avère moindre dans le dernier cas, entre autres parce qu’en immersion, la géolocalisation par satellite est inopérante. Pour pallier ces limitations, les ingénieurs ont développé des algorithmes destinés à améliorer la précision des capteurs. Par exemple en prenant en compte l’imprécision des commandes de déplacement du drone, ou l’influence des courants sous-marins.
Prix très compétitif
Résultat, le Yuko devrait atteindre une précision de l’ordre de 2 % en immersion, surpassant la plupart des modèles actuels. Vidal Teixeira, cofondateur et PDG de Seaber, nous a confirmé que son prix, encore confidentiel, sera particulièrement compétitif (sans doute quelques dizaines de milliers d’euros). Notamment parce que le microdrone a été pensé, dès sa conception, pour être fabriqué à une échelle industrielle, avec des objectifs de vente de plusieurs centaines d’exemplaires par an. Yuko vise trois secteurs d’activité. La recherche d’abord : les scientifiques peuvent effectuer avec des mesures physico-chimiques ou des relevés de magnétométrie. Avec son prix limité, il est aussi adapté aux budgets des universitaires, les enseignants pouvant l’employer dans la formation des étudiants. Il s’adresse enfin aux bureaux d’étude industriels. Les usages y sont nombreux: de la cartographie des fonds marins à la mesure de l’épaisseur des sédiments en sortie d’ouvrages portuaires, en passant par la recherche d’objets perdus en mer. La commercialisation du micro-drone devrait débuter à l’automne prochain.