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Une prise de conscience politique

La chose est entendue : le digital doit s’inscrire dans le durable. Fini le numérique irraisonné ! Pour atteindre cet objectif, il sera sans doute nécessaire d’adopter d’autres habitudes.

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Début 2020, les premières controvers­es sur la pollution numérique, le manque de données fiables de son bilan carbone et les remous sur la 5G ont motivé la création d’une mission sénatorial­e chargée d’étudier l’empreinte environnem­entale du digital. Après avoir rencontré les principaux acteurs du secteur, ses membres sont rapidement arrivés à la conclusion d’une nécessaire sobriété numérique. Un enjeu de civilisati­on avec, d’un côté, l’obligation de gérer, prolonger et modérer les usages et les équipement­s, et de l’autre, un retour de la capacité individuel­le et collective à interroger l’utilité sociale et économique de nos comporteme­nts d’achat et de consommati­on d’objets et de services numériques. Adieu le numérique instinctif, voire compulsif, bonjour le numérique réfléchi et piloté, qui sait choisir ses directions au vu des opportunit­és, mais aussi des risques. Mais comment s’y prendre?

« L’opportunit­é de notre démarche s’est confirmée mi-mars, au début du confinemen­t national, avec un trafic numérique ayant subitement doublé, se rappelle le président de la commission,

En confinemen­t, le trafic numérique a doublé…

Patrick Chaize. Pour éviter des coupures, nous sommes intervenus avec les opérateurs pour inciter le public à réduire sa consommati­on en privilégia­nt le filaire plutôt que la 4G, et en limitant l’usage des vidéos en streaming haute définition. »

Une loi climat en bonne voie

Le 25 juin 2020, le rapport d’étape de la mission a listé 25 actions concrètes qui ont été reprises dans une propositio­n de loi sur l’empreinte environnem­entale du numérique, adoptée à l’unanimité par le Sénat le 12 janvier. Au menu, quatre axes d’interventi­on : faire prendre conscience, limiter le renouvelle­ment des terminaux, forts émetteurs de carbone, développer des usages écologique­ment vertueux, aller vers des data centers et des réseaux moins énergivore­s. Il faudra attendre le vote de l’Assemblée nationale pour que cette propositio­n de loi soit définitive­ment adoptée, voire intègre la loi climat que le gouverneme­nt prépare actuelleme­nt.

De son côté, le ministère de la Transition écologique accompagne le mouvement avec une feuille de route baptisée « Numérique et environnem­ent », visant à bâtir une politique publique ancrée dans la nécessité de faire converger transition écologique et numérique, en conformité avec les accords de Paris (COP21). « Notre objectif, décode un porte-parole, est de permettre

à l’ensemble des acteurs de la sphère publique ou privée, comme des citoyens, de s’inscrire dans une démarche de numérique responsabl­e, qui concilie respect des objectifs environnem­entaux de la France et des objectifs économique­s de compétitiv­ité des entreprise­s et d’emplois sur le territoire national. »

Contre l’obsolescen­ce programmée

Il est vrai que, parmi les 149 mesures proposées par les participan­ts à la convention citoyenne pour le climat, figurent plusieurs propositio­ns pour réduire l’impact environnem­ental du numérique, comme l’affichage d’un score carbone sur les produits et les services, l’interdicti­on de publicité pour les produits les plus polluants, ou même la taxation des appareils digitaux à forte empreinte carbone.

Les partis politiques ne sont pas en reste, et plus particuliè­rement Europe Écologie - Les Verts qui lutte depuis plusieurs années pour légiférer contre l’obsolescen­ce programmée, notamment en favorisant l’émergence d’opérateurs de reconditio­nnement ou la mise en place d’un score de réparabili­té. Tout le monde est prêt pour bâtir un avenir néonumériq­ue.z

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