Après ce que l’on vient de vivre, on constate encore plus l’importance de se sentir bien chez soi
01NET Comment expliquer l’intérêt croissant des Français pour la décoration d’intérieur ?
E. R. Après l’année que l’on vient de vivre, on constate encore plus l’importance de se sentir bien chez soi. Mais c’est aussi une question d’époque. Avant, un canapé coûtait très cher, nos grands-parents l’achetaient pour toute une vie, nos parents peut-être pour une quinzaine d’années. Aujourd’hui, on renouvelle son intérieur plus régulièrement. C’est aussi parce qu’il y a des enseignes qui nous permettent d’avoir des choses à petit prix. Alors, évidemment, ce n’est pas la même qualité qu’auparavant. Il ne faut pas rêver : on a du petit prix, du très cher, du très qualitatif et du moins. Il y a aussi le phénomène du DIY, où on veut réellement créer des choses par nous-mêmes et en tirer une certaine satisfaction. Tout cela contribue au fait que le Français est très impliqué dans la déco, et d’ailleurs on voit qu’il y a beaucoup d’écoles d’architecture d’intérieur et de décoration qui se créent un peu partout en France.
01NET Pourtant, on ne relooke tout de même pas son intérieur tous les quatre matins…
E. R. On ne va pas changer son parquet tous les mois, c’est clair. Ce que les gens font, par exemple, c’est avoir quatre murs assez neutres et un qu’ils auront peint en couleur, qu’ils changeront chaque année pour surfer sur la tendance. Ou alors ils vont souligner une console, un angle dans le salon avec un papier peint, parce que ça se pose facilement. Je veux dire par là qu’en un week-end, ils font des petits travaux qui gardent leur intérieur assez tendance, sans trop d’investissement. Ce qui a explosé dans les grandes surfaces de bricolage, ce sont les rayons de peinture pour le mobilier.
Il y a beaucoup de marques, de couleurs, de matières, de textures, qu’on peut retrouver à des quantités de moins d’un litre. Cela prouve bien qu’il y a une vraie consommation. En fait, les gens cherchent à faire évoluer des pièces de leur intérieur par des petits meubles et des petits objets.
01NET Quels sont vos astuces pour un relooking réussi ?
E. R. Les architectes d’intérieur et les décorateurs prennent d’abord des échantillons pour les disposer au prorata de leur occupation dans la pièce. On met des meubles sur le sol côte à côte, les peintures devant les murs, le bout du tissu sur le canapé…
Une fois qu’on a posé tout ça, on regarde si rien ne choque. Si quelque chose nous paraît étrange, c’est que cela ne marchera pas, et qu’il faut changer.
01NET Que pensez-vous de tous ces outils (applications, sites internet…) de modélisation 3D mis à disposition des consommateurs pour visualiser et aménager leurs futurs intérieurs ?
E. R. Pour moi, c’est une bonne idée. Parce que, dans la plupart des cas, les gens n’ont pas de problème de goût. Ils savent à peu près ce qu’ils veulent et comment l’agencer. Là où ils vont avoir un gros souci, c’est pour l’imaginer dans l’espace. Pour le faire, il faut un rendu 3D, une photo de synthèse ou un dessin. Bien sûr, cela ne va pas être de la qualité d’un rendu professionnel, mais c’est déjà suffisamment parlant pour se projeter. Donc, c’est vraiment super !