TOUS FOUS DE DÉCO EN UNE OU DEUX APPLIS Relooker sa maison
Relooker sa maison pour vendre ou se sentir mieux ? Qu’importe. Ce qui est certain, c’est que les Français adorent la déco. Afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles, les outils à destination des amateurs se multiplient et deviennent toujours plus pointus.
Quelle différence entre « home staging » et « décoration d’intérieur »? Il arrive fréquemment que ces deux notions soient confondues par les Français portés sur l’univers de la déco. À juste titre, puisque les deux termes sont, dans la plupart des cas, entrelacés. « Ce sont les mêmes compétences, mais elles s’appliquent à deux choses différentes », souligne Emmanuelle Rivassoux, architecte d’intérieur qui intervient dans les émissions de Stéphane Plaza, Maison à vendre et Mieux chez soi, sur M6. Né d’une idée de l’agente immobilière américaine Barbara Swartz dans les années 1970, le home staging se développe lors d’une période de crise du
secteur afin de provoquer un regain d’intérêt pour l’achat de biens. L’ADN du concept demeure le même cinquante ans plus tard : recourir à des transformations visibles (travaux, optimisation des espaces et décoration) pour revaloriser l’habitat dans l’optique de le vendre ou de le louer rapidement. Selon une étude du réseau Avéo, spécialiste du home staging en France, recourir à cette technique déboucherait sur un achat cinq fois plus vite qu’une vente standard. Pour séduire un maximum de potentiels acquéreurs, il s’agit donc de rénover et redécorer, certes, mais pas n’importe comment. La clé se situe dans la dépersonnalisation des lieux, sans contrevenir aux règles de l’esthétique pour autant. En optant pour des couleurs, des matières et autres éléments neutres, on rend l’habitat « le plus lisse possible, afin que chaque personne, peu importent ses goûts, son âge ou son mode de vie, puisse s’imaginer vivre dans ce lieu et déclencher la vente », explique Emmanuelle Rivassoux.
Marquer ses goûts
À l’inverse, la décoration d’intérieur comprend un travail de fond autour des desiderata du propriétaire. « On va s’adapter à ses goûts, son mode de vie et, même si c’est atypique ou complètement à côté de la plaque, on lui fait l’intérieur qui lui ressemble et dans lequel il va se sentir bien », détaille la comparse de Stéphane Plaza. Banalisée au début des années 2000 en France par les émissions de télévision comme D&CO ou La Maison France 5, cette tendance s’est peu à peu installée dans la culture des foyers hexagonaux, pour devenir un centre d’intérêt constant. L’idée de prendre soin de son chez-soi en lui redonnant un coup de fouet grâce à des travaux réalisables en peu de temps séduit, et les derniers confinements relatifs à la crise sanitaire ont amplifié le
phénomène. « Le fait de se retrouver ¡¡¡ au quotidien dans le même environnement a fait bouger les choses. Les gens se sont rendu compte que cela avait un effet direct sur leur humeur et sur leur bien-être, remarque Pricillia Semedo Oliveira, décoratrice d’intérieur. Les Français ont pris conscience des changements nécessaires chez eux. C’était le bon moment pour certains de reproduire les idées qu’ils avaient pu voir sur Pinterest ou Instagram, tandis que d’autres sont allés vers un accompagnement personnalisé. »
De la télé à la 3D
Tout faire par soi-même, c’est la grande mode. À en croire le nombre de vidéos postées sur les réseaux sociaux comme YouTube, Facebook ou encore les blogs spécialisés, rien n’est impossible si tant est qu’on ait le bon matériel et les bons conseils. C’est justement sur ce créneau que viennent se placer les indépendants de la profession. Certains décorateurs, comme Pricillia Semedo Oliveira, très active sur son compte Instagram Pop my déco!, délivrent régulièrement des astuces à leurs followers. Pour le binôme formé par Floriane et Julia Akpa, à la tête de la société L’Appartement 9b, leur chaîne YouTube, suivie par 32000 personnes, « est un produit d’appel ». Selon les décoratrices, « le principe de la gratuité est devenu très courant pour les consommateurs. Lutter contre en ne jouant pas le jeu, ce n’est pas la meilleure chose à faire puisque, de toute façon, quelqu’un d’autre le fera à notre place ».
Fais-le toi-même
L’explosion de la tendance DIY (Do It Yourself, soit « fais-le toi-même ») a également poussé les enseignes de mobilier et de bricolage à se mettre à la page. Et pour cause : « 60 % des Français déclarent aimer cette activité » en 2020, comme le révèle le cabinet d’analyses é&a. Aujourd’hui, des sites comme ceux de Leroy Merlin, avec l’outil Kazaplan, ou Ikea proposent à leurs clients de prévisualiser leurs aménagements en 3D. Des concepts hybrides en ligne naissent, alliant le travail dématérialisé d’un professionnel et des plans 3D créés par les particuliers depuis leur ordinateur. C’est par exemple le cas du site Rhinov qui commercialise un « intérieur imaginé en 3D par un décorateur dès 99 euros ». Les soeurs Akpa voient d’un bon oeil cette avancée technologique. Elle permet aux plus dégourdis d’avoir une autonomie supplémentaire dans leur projet de décoration. « Même si c’est vrai que les plans qu’ils créent avec ces sites, applis ou logiciels ne sont pas de la même qualité que ceux d’un professionnel, on remarque qu’ils viennent avec et ils nous servent de support. C’est pratique parce que, d’emblée, on visualise ce qu’ils recherchent comme rendu et à quel type de bien on a affaire », constate le binôme. Pas de quoi déstabiliser leur
MAIN DANS LA MAIN
Outils amateurs et expertise professionnelle décorent la maison de concert.
activité donc, puisque, comme le soulèvent les décoratrices YouTubeuses, leurs « clients ont besoin d’accompagnement, même s’ils ont la culture du DIY. Par exemple, dans l’autorénovation, on se rend compte que beaucoup ont envie d’avoir quand même un oeil extérieur et une aide professionnelle. Pour valider leurs choix, ils ne sont pas complètement autonomes ». À chacun son rôle, et sa place. Entre passion et travail de pro, les Français font la part des choses. Ne manque plus que l’intelligence artificielle vienne y mettre son grain de sel.
Rien n’est impossible si tant est qu’on ait le bon matériel et les bons conseils