« Ils font avec ce qu’ils trouvent »
Un singe et une biche surpris en plein accouplement, ça n’étonne pas ce naturaliste
Un macaque et une biche qui copulent. C’est la scène choc qui a étonné des primatologues strasbourgeois en mission sur l’île japonaise de Yakushima. Le naturaliste et zoologiste Marc Giraud, auteur du livre Le Sex-Appeal des crocodiles et autres histoires d’amours bestiales, apporte des précisions sur ce comportement.
Une copulation entre deux espèces, est-ce vraiment inhabituel ?
Non, pas du tout. J’ai connu un macaque qui aimait beaucoup les chiens ! Normalement, les phéromones et parades nuptiales agissent comme des sécurités pour que les animaux ne se trompent pas d’espèce. Mais il y a des exceptions. Et puis, certains animaux font avec ce qu’ils trouvent. Des tortues peuvent être stimulées par un ballon de foot dégonflé parce qu’il a vaguement la forme d’une carapace.
Ces animaux qui s’accouplent entre espèces peuvent-ils avoir une descendance ?
Cela arrive, mais il faut que ce soit de proches parents. Un cheval et une mule, par exemple, pourront avoir un petit, qui sera stérile. Là encore, il y a des exceptions. Un lion et un tigre peuvent effectivement avoir une portée qui sera fertile. Dans ce cas d’une biche et d’un macaque, il n’y a aucune chance qu’ils se reproduisent. Le pénis du singe est sans doute trop petit pour une possible fécondation. Chez les oiseaux, ces accouplements atypiques peuvent donner lieu à de nouvelles espèces. Certaines personnes hybrident des canaris et des chardonnerets pour obtenir un plumage d’une autre couleur. Et ce n’est pas par insémination artificielle !
A quelles conditions ce phénomène peut-il se produire ?
Quand il y a une rencontre, de la frustration, en captivité notamment. Chez les éléphants de mer et les otaries par exemple, très machos, les mâles dominants ont un harem. Les autres mâles frustrés se défoulent donc parfois sur d’autres espèces. Mais il n’y a pas d’études, ce ne sont que des anecdotes.
Les animaux connaissent-ils le plaisir ?
Oui, la masturbation le prouve. Chez tous les mammifères, de la souris à la baleine, les femelles ont un clitoris, seul organe voué uniquement au plaisir sexuel. C’est ce qui incite les femelles à s’accoupler. Elles ne savent pas que ça donne des petits… Et le champion de la masturbation, au risque de casser un mythe, c’est le dauphin. Le pénis des dauphins est très sensible et leur donne des renseignements sur leur environnement. Ils s’accouplent à la fois entre mâles et femelles, entre mâles, entre femelles. Et il arrive qu’ils copulent avec d’autres espèces. On a même vu un dauphin tenter de s’accoupler avec une anguille… et avec des plongeurs !