Des « pièges à miel » amers La mère de Fiona reste en détention
Le chantage à la sextape contre des opposants serait courant
Sexe, politique et espionnage russe. Tels sont les ingrédients de la dernière rumeur concernant Donald Trump, sur qui le Kremlin ferait pression grâce à une sextape compromettante. C’est ce qu’affirmait déjà une source des renseignements américains à une semaine du scrutin présidentiel. BuzzFeed a publié, mercredi, un document présenté comme le rapport d’un ancien agent britannique sur l’existence d’une vidéo impliquant Donald Trump et des prostituées dans un hôtel luxueux à Moscou. S’il est, à ce stade, difficile de savoir si une telle vidéo existe, ce que le Kremlin dément, les renseignements russes sont tout de même connus pour utiliser ce genre d’expédient.
Une pratique internationale
« Depuis les années 1990, ils ont recours à une très large variété d’outils d’influence et de modalités de pression, de l’assassinat aux affaires judiciaires montées, en passant par le chantage à la sextape », observe Françoise Daucé, directrice d’études au Cercec (Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen). Il y a un mot en russe pour ces casseroles manipulées : kompromat, pour dossiers compromettants. » De fait, plusieurs personnes s’opposant aux intérêts de Moscou sont tombées dans un « piège à miel » (qui consiste à monter une affaire de moeurs pour espionner ou discréditer quelqu’un) au cours des deux dernières décennies. Ce fut le cas, à la fin des années 1990, du procureur général Iouri Skouratov, qui avait lancé une enquête pour corruption touchant des personnes dans l’entourage de Boris Eltsine. Ce fut le cas aussi, en 2010, pour l’écrivain Edouard Limonov. Interrogé par l’AFP, Mikhaïl Lyubimov, qui a longtemps dirigé les opérations du KGB contre le Royaume-Uni et les pays scandinaves, a déclaré au sujet du kompromat : « Tous les services secrets du monde le font, et nous ne sommes pas une exception. » En 2015, le site The Intercept et NBC ont en effet relayé des documents « fuités » par Edward Snowden selon lesquels les services secrets du RoyaumeUni utilisaient la technique du « piège à miel » pour espionner des groupes jugés « extrémistes », y compris sur le sol britannique.
Pour l’heure, la mère de la petite Fiona, Cécile Bourgeon, reste en
prison. La chambre de l’instruction a rejeté, mercredi, sa demande de remise en liberté, s’appuyant sur le risque de soustraction d’indices et de pression sur des témoins. « Ils disent qu’elle risque de revenir déterrer le corps de sa fille », s’emporte Gilles-Jean Portejoie, l’avocat de la jeune femme condamnée à cinq ans de prison en novembre pour plusieurs délits dont « non-assistance à personne en danger ». Pendant son procès, l’accusée avait indiqué qu’une fois libre, elle chercherait « jusqu’à le trouver » le lieu où elle a enterré Fiona, tuée en 2013 et dont le corps n’a jamais été retrouvé. « Nous allons demander sa mise en liberté provisoire, nous pourvoir en cassation et solliciter la récusation du président de la chambre de l’instruction », a réagi l’avocat.