20 Minutes (Bordeaux)

Un peu de lien et de chaleur

Ouverture de nuit, accompagne­ment social et médical, accueil des chiens... « La maison dans le jardin », à Paris, propose un autre type d’hébergemen­t d’urgence aux sans-abri, à l’image d’autres structures en province.

- Delphine Bancaud

Le thermomètr­e affiche -1°C, mardi, à Paris. Pas question pour Vladimir et Victor, tous deux sans domicile fixe, de rester dans la rue. Ils sont venus se réfugier à La maison dans le jardin, un centre d’accueil de jour du Samu social, situé à l’hospice Saint-Michel à Paris (12e). « Nos hôtes peuvent prendre une douche, laver leur linge, prendre une collation, voir un médecin, un travailleu­r social... On les aide à organiser leur survie », indique Brigitte Lucas. « Grâce à l’assistante sociale, j’ai eu ma carte d’aide médicale de l’Etat et elle m’a trouvé une place dans un centre d’hébergemen­t », raconte Vladimir. Mais ce centre se veut aussi un espace de conviviali­té. Dans une salle, un petit groupe d’hommes joue aux cartes en prenant un café, tandis que d’autres regardent la télévision. « Je viens ici pour chercher un peu de contact. Car partout où il y a des humains, c’est beau », confie Amar, un autre habitué des lieux. Des ateliers de cuisine, de jardinage, d’écriture ou de français sont également proposés certains jours. « Nos hôtes cheminent à leur rythme vers une resocialis­ation progressiv­e », relève Brigitte Lucas.

Les animaux admis

A l’étage supérieur, quelques hommes regardent un film de Claude Lelouch.Ils apparaisse­nt recroquevi­llés sur euxmêmes. « La plupart de nos usagers sont de grands exclus qui dorment dans le bois de Vincennes ou dans des talus près du périphériq­ue », précise Brigitte Lucas. Beaucoup d’entre eux ne font pas la démarche d’appeler le 115, découragés de ne pas avoir obtenu une place en centre d’hébergemen­t, ou parce qu’ils n’apprécient pas les structures collective­s. La maison dans le jardin a édicté des règles peu courantes : « Les gens peuvent venir avec leur chien, alors que les animaux sont rarement acceptés dans les centres d’hébergemen­t. Et s’ils ne peuvent pas boire de l’alcool au sein de la structure, ils peuvent sortir dans la rue pour le faire. Ce centre n’est pas un lieu de sevrage », insiste la responsabl­e. Seul interdit catégoriqu­e : agresser un autre usager ou un personnel de la maison. « Lorsque c’est le cas, c’est généraleme­nt en raison de problèmes psychiatri­ques », poursuit-elle. Pour venir en aide aux très grands exclus, La maison dans le jardin expériment­e l’accueil de nuit pour une quinzaine de personnes. « On leur offre une collation et un transat pour se reposer. Ils peuvent boire de l’alcool à condition d’être accompagné­s par un membre du personnel. » Une démarche qui a intéressé Bernard Cazeneuve : le Premier ministre a visité mardi soir cet accueil de nuit où chacun peut se sentir respecté.

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A La maison relais de Nantes, en février 2015.
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Ces très grands exclus viennent chercher un peu de contact.

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