Re-Calais
Trois mois après l’évacuation de la « jungle », les associations constatent un retour des réfugiés, souvent mineurs, et déplorent le manque de moyens.
Cela fait trois mois que Calais a tourné la page de la « jungle », ce campement géant de migrants démantelé fin octobre. Mais la ville n’en a pas fini avec les arrivées des réfugiés, dont le but reste de passer en Angleterre. D’après deux associations locales, ils sont maintenant « quelques dizaines » à errer en ville, sans solution d’hébergement. « Ce sont surtout des jeunes qui viennent d’arriver ou qui reviennent car on ne leur a fourni aucune solution », commente Maya Konforti, secrétaire de l’Auberge des migrants. Parmi eux, Aman, un Erythréen de 17 ans, qui a passé sept mois dans la « jungle ». « Lorsque les premiers incendies ont été allumés, je suis monté dans un bus avec mes amis. Mais là où je suis allé, on ne m’a pas aidé pour aller en Angleterre. » De son côté, Gaël Manzi, de l’association Utopia 56, vient de reprendre les « maraudes » nocturnes pour repérer et aider les personnes en détresse, « chaque semaine un peu plus » nombreuses. « Ils se casent une nuit dans une maison abandonnée, une autre sous un porche ou une pile de pont », explique Maya Konforti. Jamais très longtemps : les moyens policiers, mobilisés dans les dernières semaines d’existence de la « jungle », sont restés sur place (lire cicontre). En périphérie de la ville, l’Auberge des migrants a fermé l’un des trois entrepôts où elle stocke et prépare la nourriture et le matériel d’aide aux migrants. Mais le principal site concocte encore quelque 500 repas par jour, principalement pour le camp de GrandeSynthe. Maya Konforti ne serait pas étonnée de devoir reprendre les distributions d’aide à Calais. « Ils [les migrants] nous appellent déjà, deux par deux, pour dire qu’ils ont faim. Au printemps, les arrivées vont reprendre, et il n’y aura plus rien pour traiter leurs demandes administratives. Il n’y a donc aucune chance qu’ils repartent. » En parallèle, la plateforme d’accueil des demandeurs d’asile (Pada) de Calais indique que les dossiers doivent désormis être déposés à Arras et non plus sur place. La maire (LR) Natacha Bouchart recommande que l’accueil soit organisé « le plus loin possible de Calais, et même en dehors de la région ». Il ne reste plus qu’à prévenir les premiers intéressés.
« Là où j’étais, on ne m’a pas aidé pour aller en Angleterre. » Aman, jeune migrant érythréen qui erre à Calais