A naître, l’ordinateur vivant
Le code binaire pourrait être remplacé par celui de l’ADN
Les ordinateurs de demain utiliseront peut-être… des éléments du vivant ! Pour cela, des chercheurs ont entrepris de remplacer le traditionnel code binaire de l’informatique (0 et 1) par celui utilisé par les quatre molécules de notre ADN (adénine, guanine, thymine et cytosine) représentées par les quatre lettres A, G, T, C. L’objectif de ces travaux menés par Yannick Rondelez, chercheur à l’Ecole supérieure de physique et chimie industrielles de la Ville de Paris (ESPCI Paris), est d’imiter le vivant. En effet, dans une simple cellule, l’ADN est capable de stocker environ 1 gigaoctet d’information… soit le cinquième de ce que contient un DVD! Autant dire que les capacités sont ainsi démultipliées à l’extrême. Atout supplémentaire : les deux codages (0 et 1/AGTC) présentent des similarités, ce qui permet de traiter l’information dans les fragments d’ADN comme le ferait un ordinateur. Les premiers essais ont déjà eu lieu : l’équipe parisienne a utilisé des brins d’ADN composés d’associations particulières des quatre bases (AGTC ou GACT ou TCAG, etc.) et a ajouté des enzymes capables de couper, copier ou effacer des fragments de chaque brin, avant de placer le tout dans un milieu liquide renfermé dans un tube à essai. Ils ont ensuite réussi, dans ce même tube, à simuler des problèmes très classiques résolus par nos ordinateurs familiers, comme la compétition entre deux réactions chimiques ou deux protéines. L’ordinateur inspiré du vivant pourrait donc bien devenir l’une des solutions pour dépasser ce que l’on appelle la loi de Moore. Formulée en 1965, celle-ci prévoyait en effet le développement exponentiel des microprocesseurs. Or, après avoir fonctionné pendant des décennies, elle va toucher à sa fin d’ici quelques années, les microprocesseurs étant à la limite de leurs capacités. L’ADN pourrait donc bien prendre le relai.