« Penelope Gate », une aubaine pour masquer les affaires de Marine Le Pen?
Accusée elle aussi d’emplois fictifs, Marine Le Pen peut-elle tirer parti de l’affaire Fillon ?
Elle est sortie de son silence. A son tour, Marine Le Pen a réagi, mercredi, à l’affaire Fillon : « Une relation de confiance est rompue (…) c’est à lui de tirer les conséquences, ou à sa famille politique. » Le PenelopeGate est « du pain bénit pour le FN, qui dénonce depuis trente ans les élites politiques », observe Gilles Ivaldi, chargé de recherches en sciences politiques au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). « Marine Le Pen va profiter en partie de la baisse de François Fillon dans les intentions de vote. Avec le morcellement de la gauche entre les candidats Hamon, Mélenchon et Macron, le contexte est favorable à la candidate », poursuit-il.
Stratégie de victimisation
L’exercice s’avère toutefois délicat : comment taper sur l’emploi fictif de Penelope Fillon alors que Marine Le Pen doit elle-même rembourser 300 000 € au Parlement européen pour l’emploi de deux assistants parlementaires qui auraient travaillé essentiellement comme permanents pour le FN? Cette affaire « va à l’encontre d’une des lignes de communication du FN : “Tête haute et mains propres”, comme disait Jean-Marie Le Pen », note Emmanuelle Reungoat, maîtresse de conférences en sciences politiques à l’université de Montpellier. Pour s’en sortir, Gilles Ivaldi remarque que « Marine Le Pen utilise un avantage : le FN est depuis toujours hors du système, contrairement à un candidat comme François Fillon. Elle se pose en victime du système et de l’Union européenne, qui s’acharnerait car elle s’oppose à Bruxelles. » Après avoir été un peu éclipsée par les deux primaires, la candidate du FN a récemment dégainé quelques mesures fortes, à J-80 du premier tour. Jeudi, elle a annoncé une taxe pour les employés étrangers pour inciter à la préférence nationale. Mercredi, elle avait déclaré que le rétablissement de la peine de mort, marqueur du FN historique, ne figurera pas dans son programme (même si les Français pourront se prononcer via un référendum d’initiative populaire). « Elle avait anticipé que les primaires monopoliseraient les médias. Pendant cette séquence, des thèmes chers au FN ont été peu abordés, comme l’immigration, le chômage. Marine Le Pen vise désormais à réoccuper l’espace et à remettre ses enjeux au coeur de la campagne, reprendre la main sur l’agenda politique. » Prochain rendez-vous dans son agenda : le lancement officiel de sa campagne présidentielle, ce week-end, à Lyon.