Christophe Naudin met au point sa défense
Incarcéré en République dominicaine, le criminologue cherche à purger sa peine en France
Trois pas en avant. Deux pas en arrière… Christophe Naudin espère toujours que son avenir judiciaire ne suivra pas le rythme des danseurs de samba qui ont participé, samedi, au carnaval national dans les rues de la République dominicaine. Emprisonné depuis près d’un an dans le quartier haute sécurité de la prison de Najayo, le criminologue français a reçu, au même moment, la visite d’Eric Dupond-Moretti et Antoine Vey, ses avocats français, chargés de le « sortir très vite de cette situation intenable ».
Incarcéré pour avoir permis, en octobre 2015, l’évasion rocambolesque de Pascal Fauret et Bruno Odos, les deux pilotes condamnés dans l’affaire dite « Air Cocaïne », Christophe Naudin porte, encore aujourd’hui, le teeshirt vert des prisonniers dans l’attente de leur procès. Sauf que le sien pourrait ne jamais avoir lieu… « Nous avons rencontré le procureur dominicain Guzman, explique Eric DupondMoretti. Nous avons discuté d’un accord qui permettrait le transfèrement rapide de Christophe. » Il suffirait que le Français de 54 ans plaide coupable, s’excuse publiquement et verse une amende d’environ 30 000 € pour écoper d’une peine d’au moins cinq ans à purger dans une prison française. « Sinon, le risque, c’est que l’affaire traîne encore et aboutisse à un procès où il risquerait quinze ans ici », lâche une source diplomatique. Sur le papier, l’équation a donc l’air simple. Mais le plus dur à convaincre n’est pas forcément celui que l’on croit. Toujours convaincu d’avoir défendu l’honneur de la France en « libérant » les deux pilotes, Christophe Naudin estime n’avoir violé aucune loi et se pense innocent. Il ne se voit donc pas rentrer dans son pays les menottes aux poignets. « Et il est têtu… », souffle Michèle Naudin, son épouse. Assis sur des chaises en plastique dans cette prison tapissée d’images du Christ, ses avocats ont donc bataillé pour lui faire admettre, après deux visites, les bénéfices de ce deal. « Il a aidé les deux pilotes à s’évader du territoire dominicain. Il a commis une infraction, tranche Eric Dupond-Moretti. Cet accord est la moins pire des solutions. » Habitué des plateaux de télévision où il distillait ses expertises en matière de sécurité, Christophe Naudin y voit, lui, surtout, la fin brutale de sa carrière. Et, de son point de vue, seule une intervention de François Hollande pourrait l’éviter. « Les pressions seraient contre-productives, poursuit notre source diplomatique. Il faut au contraire faciliter le dialogue avec les Dominicains… » Eric Dupond-Moretti y croit. Il espère voir son accord prospérer dans les deux semaines. Il sait aussi qu’un précédent contrat rédigé par un autre avocat, il y a un an environ, avait capoté sans raison.
Il reste convaincu d’avoir défendu « l’honneur » de la France.