20 Minutes (Bordeaux)

Omettre (ou pas) le taux de période

Zoom sur une erreur d’apparence anodine mais assez fréquente dans les prêts

- Thierry Weber

Le diable se trouve dans les détails. Par exemple, omettre le taux de période dans un contrat de prêt. Une broutille ? Pourtant, l’erreur serait plus commune qu’on ne le croit. La BNP en a même fait les frais en juin dernier, lorsque la Cour de cassation lui a reproché de s’être dérobée à l’obligation. Verdict, la banque a dû rembourser un trop-perçu de plus de 50.000€. Mais pourquoi est-ce si important ? Déjà, parce que cela touche beaucoup de gens. A l’Associatio­n française des usagers bancaires (Afub), on estime que « 8,5 % des 98 millions de crédits immobilier­s en cours » seraient concernés, soit plus de 750000 dossiers. Pour comprendre ce qu’est un taux de période, il faut définir le Taux effectif global (TEG) ou Taux annuel effectif global (TAEG). Le TEG est le coût véritable du crédit, tous frais bancaires et intérêts compris, ainsi que l’assurance si votre banque s’en charge. C’est l’ensemble de ce que vous payez en plus de la somme empruntée. Et le taux de période ? « C’est le TEG ramené à la période de remboursem­ent, c’est-à-dire sa valeur à chaque échéance. Pour la plupart des gens, ce sera mensuel », résume Serge Maître, président de l’Afub.

Transparen­ce et précision

Concrèteme­nt, si vous choisissez d’effectuer vos remboursem­ents tous les mois, le taux de période correspond­ra à la portion mensuelle du TEG ou TAEG. Vous avez dit complexe ? Philippe Taboret, président de l’associatio­n profession­nelle des intermédia­ires en crédits (Apic) et directeur général adjoint de la société de courtage en immobilier Cafpi, parle lui d’une « règle d’écriture » qui « fait beaucoup de bruit pour rien ». D’autres ne sont pas de cet avis. Serge Maître trouve que cette obligation permet « d’assurer la transparen­ce des informatio­ns communiqué­es au client. Il peut ainsi mieux apprécier la portée de son engagement ». L’obligation ne date d’ailleurs pas d’hier, mais de 2002, avec son inscriptio­n au Code de la consommati­on.

Une erreur pas si rare

A en croire Philippe Taboret, avec une nouvelle directive européenne datant de 2016 portant sur les crédits immobilier­s, « ce problème devrait être réglé, et les banques devraient davantage tenir compte du taux de période ». Et elles ont plutôt intérêt, puisque si elles se font attaquer en justice par un emprunteur, elles courent le risque de se voir sanctionné­es. Le taux de période, un détail ? Pas tout à fait.

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A vos contrats de prêt : si le taux de période n’y est pas, il y a un souci.

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