Prendre la vague sans la voir
L’association See Surf propose des initiations à la glisse aux personnes non-voyantes
«J’ai découvert le surf en 2007, avec l’association Vague d’Espoir qui fait surfer des handicapés. » Claudy Robin, la quarantaine passée, souffre de la rétine pigmentaire, une maladie dégénérative qui lui a fait perdre la vue au fil des années. Pourtant, il surfe très régulièrement. Et depuis 2012, il fait découvrir sa passion à d’autres nonvoyants via l’association qu’il a créée : See Surf.
Un voyage à Hawaï
Tout est parti d’un rêve un peu fou : en 2012, Claudy Robin décide de partir à la rencontre de Derek Rabelo, un surfeur brésilien, aveugle lui aussi. « On savait qu’il allait à Hawaï pour surfer la vague culte de Banzaï Pipeline. On a réussi à y aller et on l’a rencontré lors d’une cérémonie hawaïenne », se souvient-il avec émotion. Le voyage est en partie financé par l’Unadev, une association qui accompagne les personnes souffrant de déficiences visuelles. « On a passé un deal avec eux : ils nous donnaient de l’argent et en contrepartie, je me débrouillais pour faire surfer les malvoyants de leur asso. » Par ce biais, il rencontre Laurent Rondi, président du Lacanau Surf Club : « Il a été touché par notre projet et a mis des locaux, des planches et des combinaisons à notre disposition. » Ainsi, depuis 2013, See Surf organise trois sessions en été pour faire découvrir le surf aux aveugles. « On anticipe à l’avance car il nous faut trois bénévoles par malvoyant : deux pour accompagner au large et un qui récupère le surfeur sur la plage », précise Claudy Robin. Ces initiations sont accessibles à toutes les tranches d’âge et gratuites : « Certains viennent de très loin pour surfer avec nous. Je me vois mal leur demander des sous, le trajet coûte déjà cher. »