La mine des mauvais jours
Les partisans du Front national ont déserté les rues de la ville, dimanche soir
La vie continue. Ce dimanche soir, Emmanuel Macron a été élu président de la République avec plus 64,2 % des suffrages. A Hénin-Beaumont, fief du Front national, la cuisante défaite de la star locale, Marine le Pen, se digère en privé. L’ambiance de cette fin de second tour n’est en rien comparable à ce que la ville du Pas-de-Calais a connu au soir du 23 avril. Il faut dire que Marine le Pen, à Hénin-Beaumont, était arrivée très largement en tête avec 46,5 % des voix au premier tour. Il y avait eu alors une grosse fiesta avec chenille et danses endiablées. Mais, ce dimanche, l’atmosphère est beaucoup plus calme. Une petite salle est réservée dans le centre-ville, accessible uniquement aux militants du FN. Autant dire que la presse n’est pas la bienvenue. De toute façon, les journalistes présents à Hénin-- Beaumont, ce soir, se comptent sur les doigts des deux mains. Dans la salle, les frontistes arrivent par petits groupes, la mine souvent résignée avant même que soient prononcés les résultats. « On sait bien qu’elle ne passera pas cette fois, assure l’un d’eux. Mais elle a un boulevard devant elle maintenant. »
«On s’attendait à ce qu’elle dépasse 40 % des voix malgré tout.» Un militant frontiste
A 20 h, les résultats tombent. Armand, retraité d’EDF et partisan de Marine le Pen, promène son chien. Quand on lui apprend les résultats, il tombe des nues : « Ah oui, quand même. On s’attendait a ce qu’elle dépasse 40 % des voix malgré tout », soupire-t-il. Un autre sympathisant FN attend de pied ferme les législatives : « Si Marine se présente ici, elle va gagner. » Comme par provocation, les voitures qui passent devant la sauterie du FN donnent du klaxon. « Ils font bien la gueule maintenant », lance, hilare, un automobiliste. Le phénomène prend un peu d’ampleur du côté de la place de l’église Saint-Martin où une dizaine de jeunes interpellent les automobilistes au cri de « On a gagné ! » Quelques drapeaux de l’Algérie s’échappent par les fenêtres des véhicules. « On est content que le FN ne soit pas passé, explique l’un des jeunes. On ne fait rien de mal. » Plus tard, des tambours se joignent à la fête. Les Héninois ne dormiront pas beaucoup cette nuit.