Des préjugés ? Mime pas vrai
A l’occasion du Festival Mimos, on déconstruit trois clichés autour des arts du mime
Un mime, pour vous, c’est quoi ? Un artiste en marinière et au visage peint en blanc qui fait semblant de tâter un mur invisible du bout des doigts ? Eh oui, l’art du mime, qui remonte à la Grèce antique, est une discipline théâtrale victime d’idées reçues. Les déconstruire est l’un des objectifs du Festival Mimos, qui se tiendra à Périgueux du 24 au 29 juillet. Plusieurs personnes impliquées dans l’événement nous aident à démonter les clichés dans nos colonnes.
On a tous fait le coup du mur, avec plus ou moins de succès. Mais que ce soit pour bien exécuter ce (pas si) simple exercice ou jouer quelque chose de plus poussé, « on doit savoir maîtriser le corps et où il se situe dans l’espace », estime le comédien Didier Guyon, spécialisé dans ce qu’il appelle le « théâtre sans
mime, c’est facile.
parole » et fondateur de la compagnie Fiat Lux. « Il faut un véritable engagement pour devenir artiste. Etre mime, en particulier, est d’une grande exigence physique. N’est pas mime qui veut », commente Chantal Achilli, organisatrice de Mimos. D’après elle, il reste essentiel d’avoir « un corps souple mobile, capable d’exprimer une émotion ».
Même sans parler, on peut dire beaucoup de choses. « 75 % de la communication est non verbale », rappelle Didier Guyon. Sur scène, sans parole, « on a accès à autre chose. La poésie par exemple, la musicalité des corps ». Chantal Achilli parle quant à elle de « langage corporel ». Elle évoque « les réactions physiques, les déplacements, les croisements de regard, certaines positions du corps ou des gestes ». Autant de ressorts physiques pour exprimer un panel d’émotions et de situations tout aussi vaste qu’au théâtre.
Un mime, ça ne dit rien. mime, depuis Marceau, c’est fini.
Ce qu’il y a de sûr, c’est que « Marceau a phagocyté le mime, martèle Didier Guyon. Quand on parle de cet art aujourd’hui, les gens ne voient que Bip, le personnage de Marcel Marceau ». Dommage, quand on sait que « la profession s’est organisée en de nombreux collectifs d’art du mime et du geste, qui se développent et chaque année recueillent de nouveaux adhérents », selon Chantal Achilli. Didier Guyon estime que « la notion du mime qui se limitait à Marceau a évolué ». Elle emprunte parfois à d’autres genres artistiques, comme la danse ou le théâtre. Les mimes ne sont donc pas vraiment au pied du mur, qu’il soit en brique ou invisible.