20 Minutes (Bordeaux)

Ça va Bardet !

A la veille du départ de la Grande Boucle, tous les espoirs de sacre tricolore se portent sur Romain Bardet. L’Auvergnat a une vraie carte à jouer sur ce parcours.

- William Pereira

Le cyclisme est une histoire de catégories. Sprinteur, puncheur, grimpeur, rouleur… Il arrive parfois d’entrer dans deux cases, comme Romain Bardet, qui prendra le départ du Tour de France samedi : grimpeurde­scendeur dans le peloton, sportifint­ello en dehors. Un paradoxe pour un homme pas vraiment fan des stéréotype­s. Quand Libération le renvoie à son train de vie stakhanovi­ste, l’Auvergnat peste un peu. « Parfois je voudrais qu’il y ait plus de nuances », regrette-t-il. La nuance, ça pourrait être d’évoquer la faiblesse occasionne­lle d’un homme, à l’hygiène de vie millimétré­e, face à une bonne bouteille de vin. « Lors des stages d’hiver, c’est pas le dernier à boire un petit coup, explique Julien Jurdie, le directeur sportif d’AG2R. Mais le reste du temps, croyez-moi, il est incroyable­ment pro. » Bardet reste avant tout ce travailleu­r acharné, ce « coureur têtu qui ne lâche rien une fois qu’il a un objectif en tête », dixit son ex-coéquipier Jean-Christophe Péraud. Ou « ce gars extrêmemen­t rigoureux en stage », décrit par son partenaire Mikaël Cherel. On ne s’invente pas deuxième d’un grand Tour, et meilleure chance de victoire française pour cette édition, sans fournir d’efforts herculéens au quotidien. « Romain, il en veut toujours plus, ajoute Jurdie. Quand on fait quatre heures d’entraîneme­nt, il nous demande si on ne peut pas en faire cinq. Quand on en fait cinq, il faut en faire six… » Et même quatre jours supplément­aires en Sierra Nevada en compagnie de Cherel, qui sait que son leader sera prêt à l’heure du départ à Düsseldorf. « Il arrive sur le Tour en ayant abattu toutes ses cartes. Le boulot a été fait, l’hygiène de vie a été irréprocha­ble… » Comme d’habitude, Bardet est méticuleux. Mais n’allez pas réduire le leader d’AG2R au calcul et à un certain pragmatism­e. Non, ce serait déjà oublier que l’on parle d’un homme de nuances. Sur son vélo, Romain Bardet est aussi instinctif qu’il est prévoyant en amont. « Pour moi, le vélo moderne, c’était attendre la dernière heure de course avant d’envisager l’offensive, assure Péraud. Pour Romain, le cyclisme moderne c’est pas ça. Il s’autorise des attaques de loin à des moments moins probables. » Un état d’esprit lié à son mental d’acier. « Il est sûr de lui, il se sent le plus costaud… C’est un coureur qui n’a pas peur de la pression. Ça ne l’handicape pas », confirme Jurdie. Et n’évoquez pas l’expression « d’ego surdimensi­onné » pour qualifier le cycliste. « Romain est très humble, annonce Cherel. Il a l’intelligen­ce de relativise­r toutes ses performanc­es. » S’il remporte le Tour de France dans trois semaines, il pourra se laisser aller.

« Il se sent le plus costaud. Il n’a pas peur de la pression. » Julien Jurdie, directeur sportif.

 ??  ??
 ??  ?? En 2016, Romain Bardet avait remporté la 19e étape de la Grande Boucle.
En 2016, Romain Bardet avait remporté la 19e étape de la Grande Boucle.

Newspapers in French

Newspapers from France