20 Minutes (Bordeaux)

Cinq ans après, la tuerie de Chevaline reste un mystère

Le 2 septembre 2012, quatre corps étaient retrouvés

- Thibaut Chevillard

C’est un « constat amer » que dresse Véronique Denizot. Cinq ans après le massacre de quatre personnes près du village de Chevaline (Haute-Savoie), la justice « n’a pas le début d’une explicatio­n », explique la procureure de la République d’Annecy, qui a récupéré ce dossier tentaculai­re en arrivant dans la région, en septembre 2016. Pourtant, une demi-dizaine d’enquêteurs travaillen­t toujours d’arrache-pied pour percer le mystère entourant la mort de Saad al-Hilli, de sa femme, de sa bellemère, ainsi que celle de Sylvain Mollier, exécutés de plusieurs balles sur une petite route forestière. Depuis cinq ans, les enquêteurs ont multiplié les pistes.

Le différend familial. Au début de l’enquête, les gendarmes découvrent que Saad al-Hilli se disputait depuis plusieurs mois avec son frère Zaid l’héritage de leur père, un notable irakien décédé en 2011, estimé à plusieurs millions d’euros. En juin 2013, après avoir refusé de se rendre aux convocatio­ns de la justice française, cet homme de 54 ans est interpellé chez lui, près de Londres. Mais faute de charges suffisante­s, il est relâché et placé sous contrôle judiciaire jusqu’en février 2014. « Cette piste n’a pas prospéré », complète la procureure d’Annecy.

« L’espionnage industriel ». Les gendarmes se sont également intéressés à la piste de « l’espionnage industriel et du transfert de technologi­e », comme l’avait expliqué l’ancien procureur de la République d’Annecy, Eric Maillaud. Le père de famille était ingénieur et travaillai­t pour une entreprise britanniqu­e spécialisé­e dans les satellites civils. Là encore, cette hypothèse n’a rien donné. Des médias ont aussi suggéré un temps que Sylvain Mollier aurait été la cible principale de ces homicides. Une hypothèse renforcée par le fait qu’un ancien légionnair­e, en lien avec le Français dont le corps a été retrouvé à proximité de la BMW de la famille al-Hilli, se soit suicidé après avoir été entendu comme témoin. Rien de probant, une nouvelle fois.

L’amateur d’armes à feu. Un ancien policier municipal, originaire de la région et amateur d’armes à feu, a également été considéré comme une « cible intéressan­te » par l’ancien procureur d’Annecy, et avait été placé en garde à vue en février 2014. Mais son ADN ne correspond­ait pas aux deux profils retrouvés sur la scène de crime. Et le pistolet Luger, découvert à son domicile, était de fabricatio­n allemande et non suisse, comme l’arme du crime. D’autres théories, plus ou moins farfelues, ont été évoquées par les médias britanniqu­es. Le Mirror cite un proche du père de famille qui estime « possible » qu’il ait été abattu par le Mossad en raison de son opinion très tranchée sur le conflit israélo-palestinie­n. Le Sun évoque enfin l’hypothèse selon laquelle l’ingénieur britanniqu­e a été « assassiné par des agents israéliens, après avoir travaillé sur un programme nucléaire de Saddam Hussein avant de quitter l’Irak en 2002 ».

Pas de charges suffisante­s contre le frère de Saad al-Hilli.

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Les enquêteurs n’arrivent toujours pas à percer le mystère de cette tuerie.

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