20 Minutes (Bordeaux)

Fermer les vannes d’hydrocarbu­re

Nicolas Hulot veut en finir avec la production de pétrole et de gaz en France d’ici à 2040

- Fabrice Pouliquen

Laisser les réserves fossiles dans le sol pour respecter la trajectoir­e de hausse de la températur­e (en deçà des 2°C) visée par l’Accord de Paris. Nicolas Hulot s’appuie sur les travaux du groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat (Giec) pour justifier le projet de loi qu’il présente au Conseil des ministres. Objectif : fermer à double tour les vannes des hydrocarbu­res.

Symbolique avant tout

Si le texte est voté, il ne changera pas grand-chose. La France n’est pas un grand producteur de pétrole et de gaz. Soixante-trois concession­s d’hydrocarbu­res sont en cours de validité. Elles ont permis de produire 815000 tonnes de pétrole et près de 400 millions de m³ de gaz, en 2016. Soit 1 % de sa consommati­on nationale annuelle. Pour le reste, la France importe massivemen­t. Voilà ce qui fait dire à Michel Dubromel, président de France nature environnem­ent (FNE), que cette mesure est avant tout « une ligne directrice que l’on donne à l’industrie française et un signal que l’on adresse à l’internatio­nal ».

Au-delà du symbole, il y a dans le projet de loi des clarificat­ions et des mesures qui réjouissen­t les associatio­ns écologiste­s, comme le territoire sur lequel devrait s’appliquer la future loi et les hydrocarbu­res non-convention­nels. Le texte permettrai­t surtout une sortie progressiv­e de la production d’hydrocarbu­re à l’horizon 2040. C’est du moins le cap visé dans le texte de Nicolas Hulot. Les 63 concession­s existantes arriveront à échéance pour leur grande majorité entre 2030 et 2040. Donc, sur ce point, ça colle. Mais reste la question des permis de recherche. Ces autorisati­ons nécessiten­t de lourds investisse­ments, sont attribuées aux industriel­s pour une période de cinq ans, renouvelab­le deux fois. Lorsqu’ils permettent une découverte effective d’hydrocarbu­res, ces permis d’exploratio­n débouchent quasi systématiq­uement sur un permis d’exploitati­on. « C’est ce qu’on appelle le droit de suite, témoigne Juliette Renaud, chargée de campagne « Industries extractive­s » au sein des Amis de la terre. Le projet de loi ne veut pas y toucher par crainte d’une attaque en justice par les compagnies pétrolière­s. Or, un permis d’exploitati­on peut être attribué sur une période de 50 ans. Si bien que, si on additionne les années d’exploratio­n à celles de l’exploitati­on qui suivront, on dépasse très largement le cap de 2040. »

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Le ministre de l’Ecologie présente son texte ce mercredi.

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