« On a un peu une épée de Damoclès sur la tête »
«20 Minutes» a rencontré les dessinateurs de «Charlie Hebdo»
Riss, Coco et Willem, dessinateurs du journal satirique Charlie Hebdo, lancent une collection aux éditions Les Echappés, Les Classiques illustrés. Leur défi ? Mettre en image des classiques de la littérature : Molière, Sophocle et le marquis de Sade. 20 Minutes a rencontré Riss et Coco à cette occasion.
D’où part ce projet d’illustration ?
Riss : J’avais cette idée depuis longtemps : voir travailler des dessinateurs contemporains sur des textes classiques, jouer sur les contrastes. Cela permet aussi de renouveler un peu l’iconographie.
Se déconnecter de l’actualité est-il appréciable ?
Riss : Ça fait du bien de ne pas être dans la gestion quotidienne des péripéties de la vie politique qu’on oublie quinze jours après. Quand on travaille sur Antigone ou d’autres classiques, on est dans l’intemporel. Cela oblige à penser autrement, à ne pas être trop dans l’anecdotique.
Que répondez-vous à ceux qui se disent : « Je ne suis plus Charlie » ?
Coco : Charlie Hebdo est un journal d’ouverture, de débat. Les gens adhèrent ou non. En plus, cette expression ne nous appartient pas. On ne sait pas trop ce que ça veut dire.
Avez-vous déjà pensé à modérer vos propos ?
Riss : C’est une discussion qu’on a eue entre nous. Ce n’est pas de l’autocensure, mais on veut tellement se convaincre qu’on est redevenu un journal comme avant qu’on oublie de parler de ce qui nous est arrivé. Je me dis qu’on ne sait peut-être pas très bien comment en parler. Même entre nous, ce n’est pas facile.
Est-ce que Charlie Hebdo n’a pas perdu sa légèreté le 7 janvier 2015 ?
Riss : Pas totalement, mais on a un peu une épée de Damoclès sur la tête. Coco : Nous, mais aussi la société entière. Donc il faut rigoler! Il faut essayer.