Incontrôlables?
Après Irma, l’ouragan Maria vient de frapper les Antilles, faisant un mort et deux disparus en Guadeloupe. Pour combattre ces phénomènes climatiques de plus en plus puissants, les scientifiques multiplient les expériences.
Déjà sept ouragans ont déferlé sur l’Atlantique nord depuis juin, quand la moyenne est de cinq en une année. Et sur ces sept, deux, Irma et Maria, ont fait naître des vents dépassant les 250 km/h. La seconde a, à ce jour, fait un mort et deux disparus en Guadeloupe et causé des dégâts considérables en Dominique.
Avions et bombe nucléaire
Plus que leur fréquence, c’est l’intensité des ouragans qui inquiète. « Il n’y a pas à ce jour de signal indiquant qu’on se dirige vers une hausse du nombre d’ouragans formés chaque saison, précise Caroline Muller, maître de conférences attachée à l’Ecole normale supérieure, spécialisée dans les événements climatiques. En revanche, l’augmentation de la température des océans et la présence accrue de vapeurs d’eau dans l’atmosphère sont de natures à augmenter leur intensité. » Pas rassurant donc. Ces dernières semaines ont montré à quel point il pouvait être difficile de cerner un ouragan. « Des expériences ont cherché à dévier la trajectoire des ouragans et/ou à faire baisser leur intensité », assure Caroline Muller. Dès 1947, certains ont tenté de contrer les ouragans. Ainsi, dans le cadre du programme Cirrus financé par l’armée américaine et la firme General Electric, un avion a largué 36 kg de gaz carbonique au-dessus d’un cyclone dans l’Atlantique pour en modifier l’enveloppe nuageuse. Des scientifiques américains ont aussi songé à envoyer une bombe nucléaire dans le coeur d’un ouragan, voire à faire voler un avion supersonique autour d’un autre afin que l’énergie déployée par l’appareil puisse refroidir l’air et affaiblir la structure du cyclone. « On sait aussi qu’une eau de surface à une température élevée est le principal carburant d’un ouragan », précise Caroline Muller. Le procédé Salter Sink, rendu public en 2009, a imaginé placer des entonnoirs géants dans les couloirs empruntés par les ouragans afin d’y capter les eaux chaudes à la surface des océans pour les refroidir en profondeur. Les idées sont là, mais elles sont soit onéreuses, soit dangereuses pour la planète. Mais, pour Caroline Muller, la réflexion doit se poursuivre. « Nous comprenons le processus à l’oeuvre dans les ouragans, ce qui le nourrit, ce qui peut l’affaiblir, mais nous ne comprenons pas encore très bien comment naissent les cyclones. »