Aider les pros à produire plus vert
Des associations girondines prônent la sortie des pesticides les plus nocifs
Si la dangerosité des pesticides est maintenant de plus en plus admise, dans la viticulture bordelaise les changements de pratique ne sont toujours pas au rendez-vous. C’est ce que dénoncent plusieurs organisations anti-pesticides fédérées lors de la marche blanche du 14 février 2016, après la diffusion d’un épisode de « Cash Investigations » sur le sujet. Ce jeudi, ces associations – à la tête desquelles se trouve Valérie Murat, militante anti-pesticides – ont mis en avant l’exemple d’un vignoble Bergeracois (dont le nom n’est pas encore connu) qui a été accompagné pour traiter ses vignes sans pesticides cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR), considérés comme les plus dangereux. Ce domaine de 70 ha en appellation rouge, rosé et blanc a des rendements entre 50 et 60 hectolitres l’hectare. Pour lui ont été élaborés des traitements contre les différentes maladies des vignes (mildiou, oïdium, cicadelle de la flavescence, vers de grappe) avec des substances actives de synthèse non CMR par un professionnel de la distribution de pesticides. « Le rendement est maintenu, il a réalisé 7 000 € d’économies sur les charges liées aux pesticides, qui représentent plusieurs dizaines de milliers d’euros et il n’a pas été contraint d’embaucher », égrène Valérie Murat, voulant ainsi démontrer que l’arrêt de ce type de pesticides est possible et bénéfique.
Il n’y a pas que le bio
Les organisations ont mis en ligne gratuitement des tableaux indiquant les modes de traitements sans CMR afin qu’ils servent aux viticulteurs installés en conventionnel qui souhaitent changer leurs pratiques. « Sans même les exigences de l’agriculture biologique, ce retrait des produits CMR serait déjà un soulagement pour les riverains », témoigne Sylvie Nony, secrétaire du collectif Alerte Pesticides Haute Gironde, crée après l’intoxication liée à un épandage d’une enseignante et de ses élèves à Villeneuve-de-Blaye, en 2014. Loin de pointer les viticulteurs du doigt, les associations veulent les accompagner vers une sortie des pesticides, qu’ils épandent depuis 60 ans.