20 Minutes (Bordeaux)

C’est son fils, sa plus grande bataille

Christine Rivière est jugée à partir de ce jeudi pour avoir aidé son enfant à rejoindre Daesh

- Hélène Sergent

Un procès singulier s’ouvre ce jeudi devant la 16e chambre du tribunal correction­nel de Paris. Celui d’une mère née en 1965, convertie à l’islam en 2011, radicalisé­e et partie à plusieurs reprises en Syrie entre 2013 et 2014 pour rejoindre son fils djihadiste. A 51 ans, Christine Rivière, surnommée « Mamie djihad » par les enquêteurs, détonne par « sa pleine adhésion » à l’idéologie extrémiste prônée par les terroriste­s de Daesh.

Un profil très inhabituel

« C’est un profil relativeme­nt rare. Habituelle­ment, ce sont plutôt les épouses qui rejoignent leurs maris », confirme une source judiciaire à 20 Minutes. Ces dernières années, les magistrats ont toutefois été amenés à juger des parents poursuivis pour financemen­t du terrorisme. L’envoi de sommes d’argent à leurs enfants partis rejoindre l’organisati­on de l’Etat islamique ou le règlement des billets d’avion les ayant acheminés en zone irako-syrienne constituen­t généraleme­nt les délits qui leur sont reprochés. Mais Christine Rivière, elle, ne s’est pas contentée d’aider matérielle­ment son fils, selon les enquêteurs. Combattant dans ce que l’on nomme à l’époque l’EIIL (l’Etat islamique en Irak et au Levant), Tyler Vilus, 22 ans, a quitté la France début 2013. Quelques mois plus tard, sa mère a décidé de le rejoindre en Syrie pour un temps avant de rentrer en France. Le 2 juillet 2014, elle a été interpellé­e au domicile de son fils aîné, seul membre de la famille à ne pas s’être converti. Tyler, monté en grade au sein de l’organisati­on terroriste, a été arrêté un an après sa mère, en Turquie. Muni d’un passeport suédois, il devait ensuite atterrir à Prague. Même s’il n’a jamais expliqué les motifs de son retour en Europe, les services de renseignem­ent suspectent alors un passage à l’acte. Aujourd’hui incarcérée, Christine Rivière est la doyenne des femmes revenues de Syrie et détenues. Originaire de Troyes (Aube), « Mamie djihad » encourt jusqu’à dix ans de prison pour associatio­n de malfaiteur­s en vue de la préparatio­n d’actes de terrorisme. Sa relation avec son fils, son degré d’implicatio­n au sein de l’organisati­on djihadiste et son adhésion à l’idéologie radicale devront être minutieuse­ment débattus. Contacté par 20 Minutes, son avocat, Thomas Klotz, n’a pas souhaité s’exprimer avant le début de l’audience. Le procès doit se tenir jusqu’à vendredi.

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La mère de famille de 51 ans encourt jusqu’à dix ans de prison.

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