Tariq Ramadan, un intellectuel controversé maintenant accusé de viols
Le parcours de l’intellectuel suisse, aujourd’hui accusé de viol, est jalonné de polémiques
Le 16 novembre 2009, Caroline Fourest et Tariq Ramadan se livrent à une joute verbale d’une heure sur le plateau de « Ce soir ou jamais ». « Il y a les discours des plateaux de télévision (…) et il y a des discours que j’ai trouvé dans des livres et dans des cassettes, qui sont moralistes, fondamentalistes (...) avec une vision de l’islam (…) complètement rétrograde », lance l’essayiste. « Ça fait vingt-cinq ans que je travaille, tous les livres et les cassettes sont publiés, partout. Il n’y a pas de double discours », lui répond l’intellectuel. Huit ans plus tard, ce débat ressurgit. Alors que Tariq Ramadan est visé par des plaintes de femmes qui l’accusent de viol, Caroline Fourest assure sur son blog qu’avant l’émission, « des victimes ont commencé à [la] contacter. »
« Entre Orient et Occident »
L’intellectuel suisse est une personnalité médiatique installée, dont les prises de positions font débat. Né à Genève en 1962, sa famille est originaire d’Egypte : son grand-père, Hassan El-Banna, est le fondateur des Frères musulmans. Si Tariq Ramadan lui a consacré une thèse universitaire, il a toujours affirmé qu’il ne faisait pas partie de la confrérie. Dans les années 1990, il donne des conférences du côté de Lyon et de Saint-Étienne. De cette époque, Malik Bezouh, auteur de France-Islam : le choc des préjugés se souvient : « Quand j’étais dans la mouvance des Frères musulmans, que j’ai quitté depuis, je ne jurais que par Tariq Ramadan. Il apportait du fond et avait un discours bien charpenté. » Très bon orateur, Tariq Ramadan n’échappe pas aux polémiques. Au cours d’un débat télévisé en 2003 face à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, il défend un « moratoire » pour la lapidation des femmes, à la place d’une interdiction immédiate. Il se coupe alors d’une partie de ses soutiens. En 2009, il devient professeur au St Antony’s College, en Angleterre. Une nomination qui provoque des remous, à cause de ses prises de position. « Il est à cheval entre l’Orient et l’Occident. En Orient, il pousse à la réforme sans aller trop loin, car il peut perdre son auditoire », conclut Malik Bezouh.