Sélection, on tait ton nom
Dans son « plan étudiants », le gouvernement propose, à demi-mot, que certaines filières universitaires très demandées puissent trier les candidats. Une idée qui fait bondir les syndicats, prêts à se mobiliser.
Le gouvernement a annoncé, lundi, la fin du tirage au sort dans les filières les plus demandées et présenté des mesures pour réduire le taux d’échec en première année de fac (60 %). Certains syndicats se sont insurgés contre ce qu’ils jugent être une sélection à peine masquée des étudiants. Ainsi, si des filières reçoivent trop de candidatures par rapport aux places disponibles, elles les départageront et donneront « la priorité à ceux dont le parcours, la motivation et le projet sont les plus cohérents avec la formation choisie », selon le gouvernement, qui s’est gardé d’employer le mot « sélection ». « Les présidents d’université pourront trier les dossiers des étudiants (...), dire non à certains qu’ils jugent moins aptes à rentrer dans des formations parce qu’il n’y a plus de places », a déploré la présidente de l’Unef Lilâ Le Bas à RTL, lundi. Le syndicat étudiant majoritaire, la Fage, qui salue l’ensemble du « plan étudiants », tique sur la sélection dans les filières les plus sollicitées. « Il y a cet angle mort des filières en tension, regrette le président de la Fage, Jimmy Losfeld.
« La sélection à l’université est un débat extrêmement clivant en France. » Claude Lelièvre, historien
Nous allons continuer de demander des places supplémentaires en droit, psycho, médecine et Staps. » Contrairement à l’Unef et à l’organisation étudiante FIDL, la Fage ne se joindra pas à la mobilisation du 16 novembre, lancée par plusieurs syndicats. Côté enseignants, les critiques sont nombreuses. « On passe du tirage au sort à un Admission post-bac (APB) local, résume Pierre Chantelot, secrétaire national du SNESUP-FSU. C’est une sélection qui ne dit pas son nom : la ministre estime qu’une université qui sélectionne est un gage de qualité », juge-t-il. « C’est un plan macroniste, plutôt bien équilibré, défend le député (LREM) Pierre Person. On va donner aux étudiants les moyens d’être mieux informés, pour n’être ni sélectionnés par le hasard ou l’échec. » « La sélection à l’université est un débat extrêmement clivant en France, souligne l’historien des politiques scolaires, Claude Lelièvre. Tout l’enjeu est de savoir si le gouvernement va créer des places dans les filières en tension. S’il n’en crée pas, ce sera une sélection malthusienne. S’il en crée, on sera dans une orientation relativement indispensable car on ne peut pas anticiper toutes les candidatures. »